Photo : Riad Par Malik Boumati Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) de Saïd Sadi se trouve depuis quelques mois dans une position très inconfortable, notamment depuis les échecs répétés enregistrés lors des actions de protestation qu'il a initiées au sein de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD). Une position qui ne lui rend pas service à quelques mois de nouvelles échéances électorales, les législatives et les municipales en l'occurrence, prévues au courant de l'année prochaine. Le recul que le parti de Sadi a enregistré dans son assise populaire, notamment dans la wilaya de Tizi Ouzou censée être son fief, après qu'il eut arraché la majorité, même relative, dans les institutions locales lors des élections de l'automne 2007, remonte déjà à l'année 2009, quand ce parti a eu une position quelque peu étrange à l'égard de l'élection présidentielle. En effet, quand le Front des forces socialistes (FFS), présidé par Hocine Aït Ahmed, avait décidé de boycotter activement «la mascarade électorale», le RCD a décidé pour pratiquement les mêmes raisons, de… geler ses activités en guise de rejet de l'élection présidentielle. Une position que beaucoup de militants n'ont pas comprise et même rejetée, car considérée comme une volonté de ne pas gêner le pouvoir dans sa quête de mener à bien le passage du troisième mandat présidentiel de Bouteflika.Cette situation aurait pu le mener vers la déconfiture si ce n'est ses élus locaux (APW et APC) qui s'accrochent à toutes les questions, y compris les plus controversées, pour affirmer leur présence et celle de leur formation politique sur le terrain. L'affaire du projet de gestion des décharges sauvages que devait financer le Programme des nations unies pour le développement (Pnud) au profit de la wilaya de Tizi Ouzou, a longtemps été le cheval de bataille des élus de l'APW de Tizi Ouzou, appuyés accessoirement par leur structure partisane. Certains problèmes vécus au niveau des communes ont également été exploités par les élus locaux, au profit de leur parti, le RCD, comme cette histoire de mosquée de la localité d'Aghribs qui a fait les choux gras de la presse. Il faut dire que la formation de Saïd Sadi a toujours réussi sa stratégie de communication et de tapage médiatique par le biais de ses élus locaux, et même nationaux parfois. Mais pour cette année, il y a risque que cela ne marche pas. Ou même que cela fasse effet inverse, et ce, depuis l'épisode de la Cncd dans laquelle le RCD s'est impliqué depuis janvier dernier, à la faveur des «révoltes» que certains pays arabes et d'Afrique du Nord ont connues.Malgré l'échec dans la mobilisation populaire de toutes les actions de la Cncd-RCD, la persistance du parti de Saïd Sadi à maintenir ses actions de rue a été considérée par une bonne partie de la population comme une volonté tenace du parti de Sadi de créer des troubles violents dans notre pays qui reste encore traumatisé par deux décennies de violence et de deuil. D'autres, par contre, pensent que l'action du RCD qui dégageait une forme de violence verbale était plutôt d'éloigner la population de toute idée de révolution contre le régime. Cet épisode dans la vie du RCD a éloigné de nombreux sympathisants et militants, comme à Tizi Ouzou même où la formation du docteur Sadi n'arrive même pas à mobiliser ses propres élus locaux lors de manifestations de rue. Lors d'une marche organisée le 20 avril dernier, le RCD n'a mobilisé qu'environ 400 personnes, alors qu'il en avait mobilisé un millier un mois auparavant. La direction du parti est consciente de cette situation et là aussi, elle ne peut que compter sur ses élus locaux pour maintenir la présence du RCD sur le terrain. Mais l'année 2011 semble être l'année où les élus locaux du RCD ne sont pas tous prêts à accepter les injonctions de leur parti dans la gestion des collectivités locales. La démission (ou la radiation, c'est selon) du président de l'APC d'Ifigha, dans la daïra d'Azazga et celle du président de la commission sociale au sein de la même institution, en avril dernier, en sont la parfaite illustration. «Les pressions exercées à mon encontre pour que je quitte la présidence de la commission sociale de la commune et l'injustice flagrante qui s'abat sur notre président d'APC sont pour moi des raisons suffisantes pour affirmer haut et fort mes convictions politiques où l'intérêt de la commune passe avant tout», disait à l'époque l'un des deux élus, avant qu'un élu de l'APW fasse de même quelques mois plus tard, en septembre dernier, pour pratiquement les mêmes raisons ; les injonctions de ses camarades de parti dans ses activités d'élu de la population.La position inconfortable du RCD se voit aussi à travers le départ, pas toujours en silence, de plusieurs députés du parti qui reprochent à Saïd Sadi de gérer son parti comme «une propriété privée». C'est aussi une position inconfortable qui tombe mal, dans la mesure où les prochaines échéances électorales arrivent à pas de charge et risquent de montrer toute l'étendue de la perte de vitesse que connaît ce parti depuis quelques années. Le RCD aura-t-il la force de s'engager dans des élections législatives et locales, qui risquent de mettre à nu sa situation interne marquée par une large désertion de militants ?