Deux jours après la signature par le président du Yémen, Ali Abdallah Saleh, du plan de sortie de crise élaboré par la Conseil de coopération du Golfe (CCG), l'opposition yéménite a désigné le Premier ministre qui assurera la période de transition. Il s'agit en fait du chef de la coalition, Mohammed Basindawa, qui a été choisi, tard le vendredi soir, au poste du chef du gouvernement, en attendant le départ définitif du président Saleh dans trois mois au maximum. D'ici là, Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 33 ans, occupera le poste de président honorifique seulement, selon les termes de l'accord du CCG, qu'il avait fini par signer après deux mois et demi de tergiversations. S'agissant de Mohammed Basindawa, «sa candidature (a été) présentée (hier) au vice-président Abd Rabbou Mansour Hadi», chef de l'Etat par intérim, a déclaré Mohammed Qahtan, porte-parole du Forum commun, la coalition de l'opposition, repris par les agences de presse. Si la proposition de l'opposition est acceptée, le futur Premier ministre aura la charge de former un gouvernement d'union nationale qui s'occupera des affaires courantes mais aussi de la préparation de nouvelles élections, selon le plan du CCG qui a été élaboré sous l'égide des Nations unies. Le plan en question assure, par ailleurs, l'immunité du président Saleh qui devrait partir aux Etats-Unis pour se soigner. Ali Abdallah Saleh, 69 ans, avait été grièvement blessé, le 4 juin dernier, dans l'attaque à l'obus qui avait visé son palais présidentiel à l'heure de la prière du vendredi. Il a été transféré en Arabie Saoudite pour soigner des brulures du troisième degré. Après trois mois de convalescence, il a décidé de rentrer au pays. Il avait non seulement refusé de signer le plan du CCG, il a continué à réprimer les manifestants dont le mouvement de protestation s'était complètement radicalisé. La signature du plan de sortie de crise du CCG lui évitera des poursuites judiciaires mais une partie de l'opposition conteste ce point et compte poursuivre ses manifestations pour que Saleh soit déféré devant la justice. Des organisations internationales pour la défense des droits de l'Homme, à l'exemple de Human Rights Watch, ont dénoncé cette immunité accordée à Saleh et aux membres de sa famille, étant donné les graves accusations qui le rendent coupable de nombreuses exactions depuis le début du mouvement de contestation populaire fin janvier dernier. L'opposition a obtenu ce qu'elle cherchait, c'est-à-dire le départ de Saleh du pouvoir, mais saura-t-elle maintenant mettre en œuvre l'accord du CCG, en réussissant à calmer les ardeurs de tous ces jeunes yéménite qui étaient derrière le mouvement de contestation dans leur pays ? Il est difficile de le dire. A noter enfin que M. Basindawa, pressenti à devenir chef du gouvernement de transition, avait fait partie de l'administration de M. Saleh. Natif d'Aden, dans le sud du Yémen, il avait été notamment ministre des Affaires étrangères avant de rompre, il y a dix ans, avec le parti présidentiel, le Congrès populaire général (CPG). L. M.