Photo : Zoheir Par Salah Benreguia Les chiffres relatifs aux accidents de la circulation donnent froids dans le dos. L'Algérie se classe à la troisième place de la triste liste des pays en termes d'accidents de la route avec, bien évidemment, le nombre croissant des pertes humaines. Toutefois, qu'en est-il de l'assurance ayant trait aux accidents de voiture ? Cette question revient sur toutes les lèvres des spécialistes du secteur lors de séminaires et rencontres. De prime abord, les professionnels des assurances soutiennent qu'avec 4,5 millions de véhicules en Algérie, le nombre de morts pourrait atteindre cette année 4 500, contre moins de 5 000 en France qui compte 50 millions de voitures. Selon les dernières statistiques de l'Union algérienne des sociétés d'assurance et de réassurance, les accidents de voiture et autres sinistres liés à la branche automobile pèsent négativement sur les résultats des compagnies d'assurances en Algérie avec 26 milliards de dinars de remboursements sur un total de 35 milliards de remboursements tous sinistres confondus. Cette tendance structurelle et la sous-tarification du risque se reflètent dans les résultats techniques des assureurs avec une perte de 1,3 milliard de dinars. «Pour 100 dinars d'assurance payée, les compagnies remboursent 200 dinars en cas de sinistre», explique M. Latrous, président de l'UAR. De ce fait, le marché algérien de l'assurance automobile accuse depuis près d'une décennie des résultats techniques et financiers déficitaires marqués par une poussée préoccupante des accidents de la circulation. «Les assurés pourraient payer, une nouvelle fois, plus cher leur assurance automobile. Les structures tarifaires de la branche automobile en vigueur apparaissent comme source de pertes de revenus des assureurs du fait qu'elles ne sont plus compatibles avec l'évolution de la sinistralité tant en termes de fréquence que de densité», nous a affirmé un professionnel du secteur. Exemple, au niveau de la compagnie Alliance Assurances, cette branche constitue 58% du portefeuille de l'entreprise. «Cette branche représente 58% de notre portefeuille. Et dans cette configuration, la RC (responsabilité civile) représente 15% et 85%, et ce sont des assurances facultatives. Le taux de RC en Algérie est le plus bas du bassin méditerranéen et pratiquement de l'Afrique. Il faut revoir ce tarif parce que comme a dit le président de l'UAR, nous encaissons 1 dinar en RC automobile et nous payons 2,70 dinars. Il ne faut pas oublier que les accidents corporels en Algérie sont indexés sur le Snmg. Le Snmg a connu depuis 2000 presque le triple alors que le tarif du RC automobile n'a pas bougé. Il y a eu de petits ajustements de 20% mais qui ont été tout de suite rattrapés par le Snmg. Il est, donc, très important de revoir ça aussi», soutient un responsable au sein de cette compagnie. D'où la nécessité d'une augmentation tarifaire pour aboutir à un équilibrage financier. Même son de cloche chez le président de l'UAR qui a estimé que la prime moyenne de l'assurance obligatoire automobile représente aujourd'hui 15 euros par an. «Il n'y a pas, à ma connaissance, un pays dans le monde où un client paye seulement 15 euros pour l'assurance automobile obligatoire couvrant les risques d'une année», selon les récentes déclarations de M. Latrous. Toutefois, la dégradation chronique des résultats techniques et financiers pousse les professionnels du secteur à exiger, encore une fois, des pouvoirs publics une augmentation des tarifs de l'assurance automobile (responsabilité civile obligatoire).