Le parti de Vladimir Poutine, Russie Unie, obtient moins de 50% des suffrages aux élections législatives du dimanche 4 décembre, à l'issue d'un scrutin marqué par de multiples accusations de fraude. Un sérieux revers pour le Premier ministre qui compte revenir au pouvoir en 2012. Selon des résultats annoncés hier par la commission centrale électorale, portant sur 90,01% des bureaux de vote, Russie Unie obtient 49,93% des suffrages exprimés. Il a ainsi la majorité absolue à la Chambre basse du Parlement (Douma) avec 238 députés sur 450, selon les chiffres «de la répartition préliminaires des mandats», annoncés par la commission électorale. Toutefois le parti au pouvoir chute de près de 15 points par rapport aux législatives de 2007, où il était crédité de 64,7%. Il avait alors obtenu 315 des 450 sièges de la Douma, une majorité des deux tiers qui lui permettait, si nécessaire, d'amender la Constitution. Le Parti communiste, arrivé deuxième aux législatives de dimanche, aura 92 députés, le parti Russie Juste, de centre-gauche, 64 et le Parti libéral-démocrate 56, en vertu des règles de répartition des sièges de ce scrutin à la proportionnelle. «C'est un résultat optimal qui reflète la situation réelle dans le pays», a déclaré le Premier ministre, Vladimir Poutine, balayant ainsi les accusations de fraude lancées à la fois par l'opposition libérale, des ONG, et le Parti communiste. «En nous appuyant sur ce résultat, nous pourrons assurer le développement stable du pays», a ajouté l'homme fort du pays, pour lequel ces élections constituaient un test avant la présidentielle de mars 2012, lors de laquelle il compte revenir au Kremlin où il a déjà effectué deux mandats (2000-2008).Mais le score obtenu est en deçà des espérances de Russie unie. Des responsables dans les régions avaient fait état de pressions pendant la campagne pour inciter les électeurs à voter pour le parti de Vladimir Poutine. un gouverneur a lancé à des élus et entrepreneurs : «il nous faut 55% minimum !».Les sondages avaient révélé une baisse de popularité ces derniers mois de la formation présidée par l'ex-agent du KGB, une majorité de Russes jugeant que le pouvoir est de plus en plus corrompu. Le président de la commission électorale, Vladimir Tchourov, a lui aussi contesté les accusations de fraude. «Autant que je sache, il n'y a pas eu d'infractions», a-t-il dit, ajoutant que la participation avait été d'«au moins 60%». Un membre du comité central du Parti communiste, Ivan Melnikov, a, en revanche, affirmé que sa formation avait reçu «des milliers de plaintes des états-majors régionaux, confirmant le caractère massif des infractions et des falsifications». Le Parti communiste s'est ainsi joint aux accusations lancées par l'opposition libérale, les défenseurs des droits de l'Homme, des médias indépendants et des ONG qui ont dénoncé une campagne de pressions commencée bien avant le scrutin.Plusieurs sites de médias indépendants et ceux d'une ONG recensant ces infractions étaient inaccessibles dimanche soir en raison de cyberattaques orchestrées, selon eux, pour empêcher la diffusion d'informations sur les fraudes. Par ailleurs, au moins 170 opposants ont été interpellés au cours de manifestations à Moscou et Saint-Pétersbourg, où des rassemblements ont été organisés malgré l'interdiction des autorités. R. I./Agences