Un dimanche électoral bien particulier, avec une même ambition pour ceux qui ont organisé les scrutins, celle de conserver le pouvoir, mais en fin de parcours des chances opposées. Ainsi en est-il du chef de l'Etat vénézuélien qui a soumis à référendum un nouveau choix de société qui aurait pu faire de son pays une République socialiste, mais aussi là où le mandat présidentiel serait ouvert. C'est-à-dire sans limite. Echec de Hugo Chavez. Autre scrutin, autre destin, mais en Russie cette fois, où le président Poutine qui achève son second mandat en mars prochain, entend demeurer le maître du jeu. Il vient de parcourir avec brio, une première partie, celle des législatives, mais sans rien laisser entrevoir de ce qui sera accompli d'ici mars prochain et au-delà. En termes de voix, son parti, Russie unies a remporté les élections législatives russes dimanche avec 64,1% des suffrages, a annoncé lundi le président de la Commission électorale centrale après dépouillement de près de 98% des bulletins. Le Parti communiste russe arrive deuxième avec 11,6%, suivi des ultranationalistes proches du Kremlin (LDPR) de Vladimir Jirinovski avec 8,2% et de Russie juste (gauche pro-Kremlin) avec 7,8%. Les deux partis de l'opposition réformatrice et libérale, Iabloko de Grigori Iavlinski et SPS (Union des forces de droite) de Nikita Belykh, n'obtiennent respectivement que 1,6% et 1% et n'auront pas de députés, faute d'avoir franchi le seuil minimum requis pour être élu, qui a été relevé de 5 à 7% cette année. Au total, quatre partis entrent à la Douma (chambre basse du Parlement), tous proches du Kremlin (Russie unie, LDPR, Russie juste) à l'exception des communistes qui constitueront une force très faible d'opposition. En termes de sièges, le parti de Poutine a raflé 315 des 450 sièges de la future Douma (chambre basse du Parlement), soit la majorité permettant de modifier la Constitution. Les communistes obtiennent 57 sièges, suivis du parti de Jirinovski avec 40 sièges et de Russie juste (gauche pro-Kremlin) avec 38 sièges. Une majorité dite constitutionnelle des deux-tiers des sièges est nécessaire pour réviser la Constitution ou engager une procédure de destitution du président. Que fera donc Poutine de cette très large victoire ? La question revenait hier avec insistance et dominait tous les commentaires. La presse russe partageait bien entendu cette interrogation, mais estime-t-elle, cette très large victoire est un plébiscite pour le président Poutine mais laisse sans réponse la question de son avenir et de celui de la Russie. « A notre victoire ! », titre le très gouvernemental Rossiskaïa Gazeta, notant toutefois que ce triomphe ne dit rien de l'avenir du président, ni de son successeur potentiel au Kremlin. « Cette campagne n'est qu'un ouvrage à moitié achevé. Tout son sens, évidemment, réside dans sa seconde étape (...) qui découle de la première, la campagne présidentielle », rappelle le quotidien. Rossiskaïa Gazeta estime que les leaders de Russie unie ont « prudemment évité les questions sur qui va présider la chambre basse » du Parlement, un poste évoqué pour que Vladimir Poutine puisse conserver son influence après (ou avant) son départ du Kremlin en mai 2008. L'hebdomadaire Rousski Newsweek estime pour sa part que la victoire du Kremlin a été obtenue « dans des conditions d'hystérie artificielle ». Et que surtout, « on ne comprend pas comment Poutine, en tant que leader national, va diriger (le pays) après la présidentielle de 2008 ». De son côté, Vremia Novosteï souligne que Russie unie désignera le 17 décembre son candidat pour la présidentielle du 2 mars mais que « personne n'a de doutes sur le fait que c'est Poutine qui nommera de facto » son successeur. A côté de ces questions sans réponse, il y a ce commentaire sur l'utilisation massive de vote par procuration, quatre fois plus qu'en 2003, un chiffre qui fait « planer un doute sérieux sur la légitimité » des élections. Selon un média d'opposition, Russie unie a en fait recueilli 40% des voix et non les plus de 60% annoncés officiellement, qui auraient constitué un « échec ». La Commission électorale centrale se voulait quant à elle rassurante. Cela est un autre débat, même s'il est aussi important. Des questions sans réponse.