C'est un constat sans équivoque qu'ont dressé, hier, des associations de malades, des professionnels de la santé et autres intervenants du secteur de la santé réunis à l'hôtel Mercure, à l'occasion d'une journée-débat sur les systèmes de santé en Algérie, organisée sur initiative du Réseau des associations des malades chroniques, présidée par Abdelhamid Bouallag. La situation lamentable dans laquelle se débattent les malades chroniques depuis des années, s'explique principalement par des systèmes de santé défaillants. M. Bouallag a estimé que plus de 38% de la population algérienne, soit 14 millions de personnes, sont des malades chroniques. Ces maladies chroniques, dont l'incidence est en hausse constante, sont devenues les principales causes de mortalité prématurée. Dans certains cas, ce sont les moyens thérapeutiques et le plateau technique qui font cruellement défaut en Algérie et qui précipitent le décès des patients. C'est le cas, notamment, pour ce qui est des malades cancéreux qui meurent en silence en attendant des soins de radiothérapie indisponibles en Algérie. Seul le centre anti-cancéreux de Blida dispose d'un service de radiothérapie non saturé, ce qui n'est pas le cas de celui du CPMC. Les représentants des associations El Amel-CPMC et de Nour Doha ont une fois encore soulevé le problème de ces patients qui ont frappé à toutes les portes. Selon Hamida Kettab, sur les 28 000 malades atteints de cancer, seuls 8 000 ont accès à des soins de radiothérapie. «Ce qui est inadmissible», dit-elle, proposant de les transférer à l'étranger en attendant que les centres de radiothérapie, dont l'ouverture a été annoncée en 2001, soient enfin opérationnels. «Nous ne pouvons pas laisser ces malades mourir devant nos yeux. Ces malades payent leurs cotisations à la Cnas et ont le droit de bénéficier de soins à l'étranger, puisque la radiothérapie n'est pas accessible chez nous pour le moment», a-t-elle souligné. «Pourquoi leur refuser ce droit ?», s'interroge-t-elle. Mais pour le Dr Bourkaib, directeur de la Sécurité sociale au ministère du Travail et de la Sécurité sociale, cette question ne relève pas des compétences de son secteur, mais de celui de la santé. D'autres associations de malades chroniques, comme celles des insuffisants rénaux et des myopathies, ont mis l'accent sur les préoccupations liées aux pénuries de médicaments et au non-remboursement de certains produits. A. B.
Un millier de malades transférés chaque année à l'étranger Mustapha Ghalmi, resposanble du conventionnement au niveau de la CNAS , les transferts de soins à l'étranger sont de moins en moins fréquents. «Nous avons 1000 transferts par an pour des soins qui ne trouvent de solutions thérapeutiques en Algérie», a-t-il indiqué. Parmi les pathologies qui nécessitent ces transferts, il a cité, notamment «le cancer, la neurochirurgie, chirurgie cardiaque infantile, l'orthopédie». Toutefois, il s'est dit contre les transferts à l'étranger. «Le système de santé et les transfert à l'étranger est une aberration», a t-il dit, insistant pour développer la prise en charge de toutes les pathologies en Algérie. Il a proposé l'organisation d'assises nationales en présence de spécialistes et différents acteurs du secteur de la santé, pour réviser le système de santé qui a montré ses limites. Les professeurs Graba (CPMC) et Debzi (Service gastro-entérologie Chu Mustapha), ont insisté pour développer les moyens thérapeutiques et développer la greffe en Algérie. «Les transferts à l'étranger ont favorisé la médecine Française au détriment de la médecine Algérienne», a souligné le professeur Graba.
Transport des malades chroniques : 160 entreprises de transport privées conventionnées avec la Cnas Selon le docteur Bourkaib, directeur de la sécurité sociale au ministère du travail et de la sécurité sociale, les malades chroniques ont droit au transport sanitaire gratuit, conformément à un décret signé en 2007. «Nous avons signé des conventions avec 160 entreprises de transport privées au niveau national qui permettent aux malades chroniques notamment les cancéreux de bénéficier de transport gratuit», a assuré le Dr Bourkaib.