De notre correspondant à Paris Merzak Meneceur Quatre-vingt-dix minutes consacrées à répondre aux questions des députés de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale française et trente minutes à un entretien avec son homologue, Alain Juppé, ont constitué le menu de travail de la visite effectuée, hier à Paris, par le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci.Deux temps forts qui sont venus s'ajouter aux rencontres politiques algéro-françaises à de hauts niveaux, qui témoignent de la qualité actuelle des relations entre Alger et Paris. Presque tous les sujets d'intérêts communs, bilatéraux, régionaux ou internationaux, ont été abordés avec les parlementaires comme avec le ministre avec, cependant, «l'intrusion», pour la première fois, du grand événement de 2012 : le 50e anniversaire de l'Indépendance de l'Algérie. Déjà, au cours de la rencontre avec les députés, M. Lucas, député et président du groupe des rapatriés, a demandé si l'Algérie n'envisageait pas un geste de réconciliation (comprendre vis-à-vis des harkis) à l'occasion de cet anniversaire. Pour Medelci, le 50e anniversaire ne sera pas «une formulation de vœux, mais un moment pour faire un bilan du parcours depuis l'indépendance». «Nous sommes, a ajouté le ministre, en train de travailler à un programme dans un esprit qui n'est pas du tout revanchard, qui nous permettra de nous auto-évaluer et de faire de sorte que ce moment historique, qu'a été la Révolution algérienne, ne puisse pas échapper aux générations montantes.»A ce moment, on ne pouvait savoir que le 50e anniversaire de l'Indépendance serait au menu des échanges entre MM. Medelci et Juppé. Ce n'est qu'au point de presse, donné à l'issue de la rencontre, que le ministre d'Etat français révéla le sujet en ces termes : «J'ai dit (à Medelci) un mot sur la préparation du cinquantenaire de l'Indépendance. Chacun agit de son côté, de sa propre initiative. J'en avais parlé lors de ma visite à Alger. A la suite des échanges que nous venons d'avoir, j'ai informé M. Medelci de la mission qui a été confiée par le président de la République à l'ambassadeur Hubert de Verdière de préparer, du côté français, la commémoration de ce cinquantième anniversaire dans un esprit de sobriété et dans la concertation. M. de Verdière connaît bien l'Algérie pour avoir été deux fois ambassadeur, et je me réjouis de voir que M. Medelci a accueilli favorablement cette nomination […]. Que 2012 soit tournée vers l'avenir que vers le passé.» Mais l'entretien Juppé-Medelci n'a pas été consacré qu'au grand évènement de 2012. Dans son compte rendu des discussions, le ministre français a fait état «d'un tour d'horizon sur un certain nombre de questions régionales». «Nous suivons attentivement l'évolution de la situation en Egypte qui nous préoccupe. Nous saluons les initiatives de la Ligue arabe sur la Syrie […]. Nous avons également échangé nos vues sur l'évolution positive des choses en Libye, en Tunisie et au Maroc et les relations entre l'Algérie et le Maroc qui s'améliorent de jour en jour», a rapporté Alain Juppé.«Nous partageons le point de vue que nos relations sont en train de prendre une direction qui laisse la possibilité à nos deux pays de poursuivre et d'intensifier la coopération politique, économique et sur d'autres plans», a déclaré, pour sa part, Medelci comme pour témoigner de l'excellence des relations bilatérales que ni les désaccords sur la renégociation de la Convention algéro-française sur l'émigration, ni les positions antinomiques sur la question du Sahara occidental ne semblent altérer. Pour le ministre algérien, 2012 devrait permettre la finalisation de projets économiques entre les deux pays en tant qu'«année emblématique en ce qu'elle représente pour vous comme pour nous une pesanteur de la mémoire, et en même temps porteuse d'espoir». Comme elle devrait, enfin, relancer définitivement le projet de construction de la Maison de l'Algérie à la Cité universitaire internationale de Paris et assurer la classification de l'Ecole internationale algérienne dans la capitale française.