L'Algérie célébrait hier, 10 décembre, à l'instar du reste du monde, la Journée internationale des droits de l'Homme. Au même moment, le collectif des familles des disparus, soutenu par d'autres organisations de défense des droits de l'Homme, tenait un rassemblement à la Grande-Poste, à Alger. Les familles venues de différentes régions ont réitéré le slogan qu'elles n'ont de cesse de rappeler à chaque occasion : «Nous ne demandons que la vérité. Non à l'impunité !» Eplorées, meurtries dans leur chair par la disparition d'un être cher au moment où le pays sombrait dans une violence sans commune mesure, les familles ont réitéré leur appel pour que toute la lumière soir faite sur ce douloureux épisode. Arborant les portraits de leurs fils, frères et époux disparus, les familles tenaient à attirer l'attention de l'opinion nationale «maintenant que les portes des institutions de l'Etat nous sont fermées», comme en témoigne Hacène Ferhati, porte-parole du collectif des familles des disparus. Il a, au nom des familles, dénoncé le «mépris» qui leur est témoigné par la Commission nationale consultative de protection et de promotion des droits de l'Homme (Cnppdh), présidée par l'avocat Me Farouk Ksentini. «Il (Ksentini, ndlr) dit que les droits de l'Homme se portent comme un charme dans notre pays. Ce n'est pas vrai ! Depuis qu'il est à la tête de la Commission, il n'a de cesse de prétendre que les droits de l'Homme se portent bien chez nous. C'est complètement faux !», s'emporte M. Ferhati. «Par ce rassemblement, nous tenions à marquer à notre manière cette journée internationale des droits de l'Homme. C'est, également, une occasion pour nous de réclamer justice et vérité. Sans cela, nous n'allons pas abdiquer.» Entourées par un dispositif policier hermétique, les familles ont scandé des slogans contre le pouvoir. «Serrakine, kheddaîne ou ikoulou wataniyin (voleurs, menteurs et se disent nationalistes)», «rajûna wladna wanwaliw ldyarna» (rendez-nous nos enfants et nous retournons chez nous !), sont, entre autres, les mots d'ordre lancés à gorge déployée par les proches des disparus, dont des vieilles femmes que ni l'âge ni une santé traîtresse n'ont empêché de réclamer la vérité sur le sort de leur progéniture. Des militants des droits de l'Homme sont venus prêter main-forte aux familles des disparus dans leur combat pour la vérité. Il s'agit notamment de militants du Mouvement démocratique et social (MDS), de membres de la Ligue des droits de l'Homme et des militants du Mouvement des Jeunes indépendants pour le changement (MJIC). Dans un communiqué, publié la veille de la célébration de la Journée internationale des droits de l'Homme, le MJIC dressait un tableau noir de la situation des droits de l'Homme en Algérie. Très peu indulgents envers les autorités, les animateurs de ce mouvement, des jeunes pour la plupart, dénoncent des atteintes quotidiennes sur tous les plans, le peuple «subit toutes sortes de répressions à chaque fois qu'une volonté de changement se présente» et qui pourrait être «une alternative de solution à un système archaïque qui nous a été imposé depuis des décennies». Y. D.