Cette manifestation se veut une démonstration de force pour protester contre les propos de Me Ksentini. C'est sans la moindre surprise qu'a eu lieu jeudi dernier ce rassemblement initié par l'association SOS Disparus devant le siège de l'organe officiel de la défense des droits de l'homme Cnppdh. Cette manifestation se veut une réaction, ou plutôt une démonstration de force, après les récentes déclarations portées sur la place publique par le président de la Cnppdh. En effet, Me Mustapha Farouk Ksentini n'a cessé de répéter depuis quelques jours, notamment à travers les colonnes de la presse nationale, que pas moins de 3000 faux disparus recensés auraient, selon lui, fui le maquis et sont installés actuellement dans plusieurs capitales européennes, en particulier à Londres. De telles déclarations n'ont pas manqué de susciter l'ire de Mme Fatima Yous, présidente de SOS Disparus qui sollicite le président de la Cnppdh pour plus d'éclaircissements. Pour ce faire, elle a tenté, via le rassemblement de jeudi dernier, de s'entretenir avec Me Ksentini dans la perspective, dit-elle dans son communiqué rendu public, «du règlement du dossier des disparus». En vain, le président de la Cnppdh n'a pas daigné la recevoir, ce jeudi, en son siège. Cependant, et avant d'en arriver à cette conclusion, il semble utile de souligner qu'une trentaine de vieilles dames aux visages ridés et aux lèvres sèches traduisant vraisemblablement cette soif de connaître enfin la vérité au sujet de leurs enfants et proches disparus, se sont agglutinées durant toute la matinée de jeudi dernier devant le portail métallique barrant l'accès à l'intérieur du siège de la Cnppdh. Elles étaient restées là plantées jusqu'aux alentours de 14h, et de temps à autre, elles scandaient de façon entrecoupée des slogans du genre: «ya hekkam bladna, djibouna ouladna» (Ndlr: responsables de ce pays, rendez-nous nos enfants). Mme Yous affirme que l'objectif escompté à travers ce rassemblement, outre celui de démentir Me Ksentini sur la question des faux disparus, c'est aussi de faire part de l'exigence de l'association SOS Disparus que le rapport de la commission ad hoc remis au président de la République soit également mis à sa disposition. «Il paraît légitime que les familles des disparus, premières concernées par ce rapport en soient les destinataires» écrit-elle dans le même communiqué évoqué plus haut. Lequel rapport sur qui se sont penchés 18 membres de la commission ad hoc, mise sur pied par M.Bouteflika en vue d'élucider définitivement la problématique des personnes disparues en Algérie. Les conclusions de cette commission que préside M.Ksentini fait état, entre autres de l'existence de quelque 6146 disparitions. La présidente de l'association SOS Disparus qui s'interroge pourquoi ce fameux rapport n'est pas, jusque-là rendu public, pense dur comme fer que la récente révélation de Me Ksentini au sujet des faux disparus traduit, selon elle, une volonté de revoir le chiffre des 6 146 à la baisse.