Faire de l'Algérie la Singapour de l'Afrique et du Moyen- Orient dans le domaine de la biotechnologie : projet réalisable ou surréaliste ? Une question récurrente depuis l'annonce faite par le ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière de la création, d'ici à 2020, d'un pôle d'excellence régional dans le domaine de la biotechnologie implanté à Sidi Abdellah qui rayonnerait sur l'Afrique et le Moyen-Orient.Une question qui a été au cœur du 1er Forum international de biopharmacie, de recherche et de biotechnologie médicale d'Algérie organisé, dimanche, à l'Institut Pasteur d'Algérie (IPA) de Dely Ibrahim, en partenariat avec PharmalinkA (DZ Link). Cette rencontre de haut niveau a réuni des praticiens de la santé nationaux et internationaux et d'éminents chercheurs comme le professeur Kamel Sanhadji, directeur de recherche à l'hôpital E. Herriot de Lyon, le docteur Salim Bouguermouh, chercheur au Singapore-MIT Alliance for Research and Technology, et Yahia Chebloune, directeur de recherche à Grenoble, le professeur Rodolpho Garrafo, du Laboratoire de pharmacologie et toxicologie médicales CHU et faculté de médecine de Nice. Les biotechnologies jouent un rôle important dans le secteur des industries de la santé, mais ont aussi un rôle émergent dans les secteurs de l'environnement, de l'agriculture, de l'agroalimentaire, ainsi que pour la mise au point de processus industriels innovants. L'idée est donc d'initier la réflexion sur ce sujet, a expliqué Nagy Hadjadj, directeur de PharamalinkA. «La biotechnologie est un phénomène mondial qui s'appuie sur le socle commun des connaissances relatives aux organismes vivants et écosystème qui a fait naître de nouvelles disciplines scientifiques telles que la génomique et la bioinformatique», a indiqué le professeur Mohamed Tazir, DG de l'IPA. Il a expliqué que «ce forum s'inscrit en droite ligne avec la stratégie élaborée par le ministère de la Santé depuis quelques mois et l'installation du Haut comité de pilotage algéro-américain pour le développement de la biotechnologie. Il s'agit donc de faire un premier état des lieux de nos capacités à entrer dans la course de l'économie et du savoir. L'objectif principal est de faire en sorte que notre pays soit en mesure de construire à l'horizon 2020 un pôle d'excellence en biotechnologie. Ce qui est possible, dit-il, car l'Algérie dispose de compétences scientifiques locales ou basées à l'étranger ainsi que des partenaires étrangers et possède les moyens de se lancer dans ce projet ambitieux». Il a insisté «sur les prérequis nécessaires à la réalisation d'un tel projet, notamment en termes de ressources humaines qualifiées et d'enseignements et de formations à développer dans nos universités et nos instituts, mais aussi en termes de ressources financières à mobiliser». Le professeur Tazir a également mis en exergue l'intérêt d'un partenariat public et privé gagnant-gagnant avec comme objectif prioritaire la création d'un Cluster Biotech local qui mutualisera le plus grand nombre de compétences disponibles et constituera, a-t–il précisé, le point d'ancrage et l'amorce du développement futur du pôle programmé». «Le plus important est aussi de démarrer des projets cohérents et adaptés aux besoins du pays», a-t-il encore expliqué.Le docteur Salim Bouguermouh est l'un des enfants du pays qui a fait ses études à la faculté de médecine et à l'IPA et qui fait aujourd'hui partie d'une équipe de chercheurs interdisciplinaires au Singapore-MIT Alliance for Research and Technology. Il est venu faire part de l'expérience du Singapour dans le domaine des biotechnologies, cette cité- Etat de 5 millions d'habitants au sud de la Malaisie, qui est devenue en l'espace de quelques années, un pôle internationalement reconnu, est championne de l'innovation. Singapour compte plus de 4 300 chercheurs travaillant dans la recherche biomédicale, secteur public et privé confondus. Le développement des biotechnologies est l'un des piliers de l'économie du Singapour, avec entre autres la création de bio-clusters tels que Biopolis. Le chercheur algérien a également mis l'accent sur «la stratégie judicieuse de planification quinquennale élaborée et appliquée par différentes agences gouvernementales qui a permis de devenir une référence en matière de biotechnologie». Selon cet expert, «l'Algérie recèle des ressources humaines et les potentialités nécessaires mais elles sont isolées ou découragées». Il a appelé à la nécessité d'accorder de l'importance à la formation et au transfert du savoir-faire, en misant sur un partenariat gagnant-gagnant notamment avec des laboratoires étrangers qui s'installent en Algérie, tenus d'investir dans le pays. A. B.