Ce sont les services secrets marocains qui sont derrière l'enlèvement, le 23 octobre dernier, des trois humanitaires européens dans les camps des réfugiés sahraouis à Tindouf, a explicitement accusé, vendredi dernier, le ministre de la Défense sahraoui et membre du secrétariat national du Polisario, dans une conférence de presse animée en marge du 13e Congrès du Front, qui se déroule dans les territoires libérés de Tifariti. Pour Mohamed Lamine Bouhali, cet enlèvement tendait précisément à «perturber» le bon déroulement de ce Congrès. «Les services marocains ont été pris de panique lorsque nous avons procédé à l'arrestation d'individus faisant partie du groupe des ravisseurs des humanitaires européens de crainte que ces derniers ne dévoilent des choses, et se sont alors vite empressés d'affirmer qu'ils s'apparentaient à Aqmi !», a-t-il précisé. Ce dernier ajoutera que le Maroc avait pris attache avec le Burkina Faso, afin que celui-ci contribue à la libération desdits otages, ce qu'il a accepté de faire, cela, au moment où, a-t-il ajouté, le gouvernement sahraoui refuse toute ingérence étrangère dans cette affaire. De même qu'il a fait savoir que des notables de tribus du Mali ont proposé de jouer le même rôle, une offre également rejetée par les Sahraouis qui disent se refuser au principe de financer des groupes terroristes. Pour revenir aux travaux du congrès, il y a lieu de noter que la commission nationale de préparation de ces 13es assises du Front Polisario propose dans un document, dont l'APS a obtenu une copie, plusieurs propositions d'amendement des statuts du Front, parmi lesquelles, l'élection du secrétaire général pour un mandat renouvelable une seule fois. Ainsi, l'article 91 du projet de statuts proposé par la commission, présidée par l'actuel président du Parlement, Khatri Eddouh, prévoit une disposition pour l'élection du secrétaire général du Front Polisario pour un mandat entre deux congrès renouvelables une seule fois. Le secrétaire général occupe, également, conformément à ces statuts, les fonctions de président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Le Congrès ordinaire du Front Polisario se tient tous les trois ans. Le secrétaire général ou les deux tiers des membres du secrétariat national peuvent appeler, aussi, à l'organisation d'un congrès extraordinaire. Une augmentation du nombre des membres du secrétariat national issus des villes occupés est, en outre, proposée dans ce document, pour les faire passer de 12, actuellement, à 16 dans un secrétariat national composé de 50 membres. Depuis le 12e Congrès du Front Polisario tenu à Tifariti en 2007, les Sahraouis des villes occupées du Sahara occidental ont été le principal fer de lance de la lutte pacifique des Sahraouis pour leur indépendance. La répression marocaine contre le camp de Gdeim Izik, près de la ville d'El Ayoun (capitale occupée du Sahara occidental), il y a plus d'une année, illustre cette mobilisation. Il est proposé, par ailleurs, dans ce document, que l'âge des candidats au poste de secrétaire général ne dépasse pas les 40 ans. Ils doivent, en outre, avoir au moins 20 ans de militantisme au sein du Front Polisario. M. C.
L'offre marocaine d'autonomie au Sahara occidental est «dépassée» L'offre marocaine d'autonomie au Sahara occidental est «dépassée», ont estimé des dirigeants du Polisario, affirmant que, lors des derniers rounds de négociations, les questions liées aux mécanismes d'application de l'autodétermination ont été évoquées. Ce constat ressort du rapport moral du secrétaire général du Front Polisario, M. Mohamed Abdelaziz, présenté au 13e Congrès de ce Front, dont les travaux ont débuté jeudi dernier, lorsqu'il avait indiqué que «durant les deux derniers rounds qui s'en sont suivis, les propositions des deux parties ont été l'objet des discussions ainsi que les mécanismes d'application de l'autodétermination, le corps électoral, et d'autres thèmes plus secondaires comme les ressources naturelles et autres». Mohamed Abdelaziz dira que «le Maroc, qui sait pertinemment que sa proposition est devenue obsolète parce qu'il ne respecte pas le droit à l'autodétermination et parce que les 12 rounds de négociations ont confirmé que le Front Polisario est l'autre partie du conflit, tente de parier actuellement sur son adhésion récente au Conseil de sécurité pour la période de 2012-2013». C'est ce qui explique, a-t-il déduit, son refus d'une visite de Ross dans la région et son rejet d'un nouveau round en octobre dernier. Le président du Parlement sahraoui et de la Commission nationale de préparation du 13e congrès, M. Khatri Eddouh, avait souligné, pour sa part, lors d'un point de presse tenu à la veille de l'ouverture des travaux, que l'offre marocaine d'une autonomie des territoires sahraouis «est dépassée», et pour preuve, a-t-il dit, les derniers rounds de négociations entre les deux parties avaient abordé les questions liées aux mécanismes facilitant l'organisation d'un référendum d'autodétermination et l'identification du corps électoral sahraoui.