Photo : M. Hacène Par Smaïl Boughazi L'Algérie a besoin de s'orienter vers le développement du secteur tertiaire ou les services de connaissances pour éviter l'impasse de la seule voie industrielle. Il s'agit là du constat dressé, hier, par El Mouhoub Mouhoud, professeur d'économie à l'université Paris Dauphine, lors d'une rencontre à Alger. M. Mouhoud juge que «les choix anciens de favoriser les activités de sous-traitance d'assemblage dans les secteurs intensifs en main d'œuvre se sont avérés des échecs patents». C'est la raison pour laquelle, estime-t-il, l'Algérie doit s'orienter vers le développement du secteur des services dans ses différents segments, notamment les activités volatiles (maintenance informatique, fonction tertiaire d'exécution, centre d'appel), les activités fragiles (agences bancaires, commerce de proximité, services aux personnes, etc.), les activités solides sur le territoire (logistique, centre de tri postal, transport de voyageurs, etc.) et les activités très solides et favorables au développement de l'économie de la connaissance et à l'utilisation massive des diplômes (recherche fondamentale, enseignement supérieur conseil, etc.). Brossant un tableau plutôt noir de la situation des économies arabes, le conférencier, qui a identifié les six tares de ces économies, n'as pas caché que le développement de l'industrie s'est avéré difficile en raison du changement de plusieurs éléments, tels que l'accélération de l'automatisation de la production, l'augmentation des coûts du transport, la généralisation de la propriété intellectuelle, ainsi que l'émergence de nouvelles puissance industrielles. Ces raisons, pense le conférencier, font que la seule voie de salut pour les pays arabes et, particulièrement, l'Algérie est la concentration de leurs efforts dans ce secteur à forte valeur ajoutée. M. Mouhoud préconise, pour matérialiser cette vision, de développer des actions en direction de la diaspora qualifiée, renégocier l'Accord de libre échange avec l'UE collectivement, en exigeant l'ouverture des marchés européens à tous les produits agricoles, lutter contre le comportement rentier sur le marché du travail, négocier des contrats de co-traitance de services stipulant l'utilisation des cadres locaux. Il recommande également de mettre en place une politique d'éducation qui doit mieux exploiter les matières techniques et les sciences sociales, ainsi que la création d'un espace intégré de l'innovation et de la recherche en partenariat avec l'UE. Estimant que la situation géographique de l'Algérie est stratégique par rapport aux autres pays de la région, le conférencier a plaidé pour la formation des compétences nationales pour développer le savoir-faire et les connaissances, et tirer des bénéfices de ces atouts. A ses yeux, l'Algérie, qui doit recourir à des moyens de financement autres que les subventions dans la réalisation de ses infrastructures, est condamnée à améliorer sa logistique dans le transport maritime, étant donné que 90% des échanges commerciaux se font par cette voie. Et enfin, pour lui, ces actions pourraient accroître le taux des exportations hors hydrocarbures de 3 à 4%.