L'expérience de 1992 a été une bonne leçon pour l'Etat et pour les 36 millions d'Algériens Le projet de loi sur les partis n'a pas laissé l'ombre d'un doute sur une quelconque réhabilitation du parti islamiste dissous, qui était à l'origine de la tragédie nationale. Coût: 200.000 morts. Irréversible! Fini! Intransigeant, le gouvernement réitère sans ambiguïté l'interdiction définitive du parti dissous. Le retour de l'ex-FIS (Front islamique du salut) est une affaire classée. Pas question de l'évoquer une nouvelle fois! Le projet de loi sur les partis n'a pas laissé l'ombre d'un doute sur une quelconque réhabilitation du parti islamiste dissous, qui était à l'origine de la tragédie nationale. L'expérience de 1992 a été une bonne leçon pour l'Etat et pour les 36 millions d'Algériens. C'est dit, sans ambages et sans fioriture, dans la nouvelle mouture de la loi sur les partis politiques. «Concernant la préservation des droits de la collectivité nationale, le projet de loi prévoit notamment des dispositions à même de prévenir la réédition de la tragédie nationale, de prohiber toute remise en cause des libertés fondamentales, de consacrer le caractère démocratique et républicain de l'Etat, et de préserver l'unité nationale, l'intégrité du territoire, l'indépendance nationale, ainsi que les éléments constitutifs de l'identité nationale», indique clairement le communiqué du Conseil des ministres tenu dimanche et lundi. Ainsi, l'Etat met fin à l'ambiguïté qui a miné l'actualité nationale ces derniers temps quand nombre de personnalités politiques laissaient entendre la possibilité, d'un retour sous une quelconque forme des anciens responsables du FIS dissous, à la vie politique. Nul n'ignore que la mouvance islamiste, du moins sa branche extrémiste, qui s'est éclipsée en douce, a vibré à l'annonce des réformes politiques, notamment la révision de la loi sur les partis. Le discours du président de la République adressé à la Nation, le 15 avril dernier, a fait renaître l'espoir chez les anciens responsables du FIS dissous. Ils ont vite commencé à manoeuvrer sur le terrain en multipliant les contacts. Des contacts ont été même établis avec des responsables au gouvernement. Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN, n'a-t-il pas même confirmé avoir rencontré El Hachemi Sahnouni, il y a deux mois, pour évoquer avec lui la question des prisonniers politiques? Le leader d'Ennahda, parti islamiste tunisien, Rached El Ghanouchi présent à Alger, lors de l'hommage rendu à Cheikh Chibane, a été reçu par Abdelaziz Belkhadem. Ce leader, qui est rentré en Tunisie après un long exil à Londres, est l'incarnation même du courant islamiste «dur» en Tunisie. Il se pose en alternative. Il croit toujours en ses chances aux prochaines élections. M.Ghanouchi a évoqué ses accointances avec le FIS dissous. Il estime même que les positions de ce dernier étaient «modérées». Qui dit mieux? Tous ces indices ont suscité une vive inquiétude au sein de la classe politique et de la société en général. L'ex-FIS sera-t-il de retour? s'interrogeaient les citoyens. Des observateurs avisés de la scène politique n'ont pas écarté ce risque. Voulant y couper court, le président de l'Instance de concertation sur les réformes politiques, Abdelkader Bensalah, a clarifié les règles du jeu dès le début du processus. «Aucun acteur politique ne sera exclu des consultations, en dehors des tenants de la violence», a-t-il bien souligné au premier jour des consultations. Il a rappelé les orientations du président de la République selon lequel les tenants de la violence sont exclus de la vie politique par le peuple. M.Bensalah a répondu directement aux anciens responsables du FIS dissous pour les dissuader d'un espoir à un retour sur le champ politique national. Cette décision a été critiquée. Des personnalités politiques ont appelé à associer toutes les parties de la société au débat. Elles ont mis en garde contre les conséquences de l'exclusion des islamistes de ce projet. Ce qui a motivé les anciens responsables du FIS dissous à garder l'espoir, aussi infime soit-il. Ali Benhadjar, ancien numéro un de la Ligue islamique pour la daâwa et le djihad, encore un puriste de la voie islamiste, a déclaré que le dossier du FIS dissous n'est finalement pas définitivement clos. Le retour du FIS dissous n'est pour lui qu'une question de temps. Dans un entretien, qu'il a accordé à la mi-août à un site d'information, il estimait que «les grands partis politiques ne disparaissent pas sous l'effet d'une décision arbitraire et d'un coup de crayon. Le parti reste souverain et ne peut être dissous. Son renouveau dépend de sa direction, de ses cadres». Peine perdue pour les islamistes! Le projet de loi sur les partis politiques tout en clarifiant la donne, consacre définitivement le décès du FIS dissous.