Face à la grande mobilisation au sein des universités françaises ainsi que la pression du patronat et les réserves de certains membres du gouvernement, le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, va adapter sa circulaire controversée sur les étudiants étrangers, considérée comme un outil de baisse de l'immigration légale. Un nouveau texte spécifique sur le droit de travail des étudiants étrangers devrait ainsi être prêt début 2012, à la suite d'une concertation avec les acteurs concernés. «Une circulaire spécifique» sera adressée aux services préfectoraux au début de l'année 2012 après une réunion «dans les premiers jours de janvier» entre les ministères concernés et des organisations de l'enseignement supérieur, a indiqué hier un communiqué du ministère de l'Intérieur. Resté jusqu'à présent à l'écart de la polémique, le président Nicolas Sarkozy s'est impliqué dans le débat et réservé à Claude Guéant un rendez-vous consacré à cette question. Aucune indication n'a pu être immédiatement obtenue sur les échanges entre le ministre de l'Intérieur et le président français qui s'était fait le «chantre» de l'«immigration choisie» lors de la campagne présidentielle de 2007. Or la circulaire du 31 mai semble contredire cette option puisqu'elle prive la France de compétences de haut niveau, qui plus est formées dans ses propres universités et grandes écoles. «Seul un retrait immédiat de cette circulaire serait de nature à rassurer les étudiants du monde entier, les diplômés étrangers en France, les entreprises qui les recrutent et les établissements d'enseignement supérieur français», a estimé hier le député PS, Jack Lang, dans une lettre au Premier ministre François Fillon. Cette circulaire divise au sein même de la majorité et du gouvernement. Charles Givadinovitch, secrétaire national de l'UMP chargé de la lutte contre la précarité et la pauvreté, a demandé à Claude Guéant de supprimer cette circulaire qui «va à l'encontre de toute logique économique puisque nos entreprises ont réellement besoin de ces salariés qualifiés qui apportent leur double culture, véritable richesse». Le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, a indiqué jeudi qu'il avait «un problème» avec cette circulaire. Le ministre de l'Enseignement supérieur, Laurent Wauquiez, a lui, estimé qu'«on s'est plantés». «Nous voulons participer à la concertation et nous allons demander à être reçus par Claude Guéant, car nous pensons qu'il est loin d'imaginer les cas d'étudiants qui, sur le terrain, essuient des refus», a réagi Hajer Georgi, porte-parole du Collectif du 31 mai. Le président de la Conférence des présidents d'universités (CPU), Louis Vogel, a écrit à M. Wauquiez, pour constituer avec son ministère et ceux du Travail et de l'Intérieur un «groupe de travail» sur le sujet. Le texte contesté demande aux préfets d'instruire «avec rigueur» les demandes d'autorisation de travail des étudiants, et d'exercer un «contrôle approfondi» des demandes de changement de statut des étudiants étrangers. Après sa publication, de nombreux diplômés étrangers, dont certains très qualifiés, qui avaient été recrutés dans des entreprises françaises, n'ont pas pu obtenir un changement de statut (d'étudiant à salarié), un sujet d'inquiétude pour les universités et grandes écoles, ainsi que pour le Medef. Une centaine de personnalités, dont le prix Nobel de physique, Albert Fert, ont lancé une pétition demandant «le retrait» du texte, qui a déjà recueilli plus de 18 500 signatures. Après cette victoire pour les étudiants étrangers en France, il reste donc à l'Algérie de trouver le moyen de séduire les compétences algériennes établies à l'étranger pour les convaincre à servir leur pays de façon volontaire. A. G.