La circulaire Guéant, qui restreint la possibilité de travailler en France pour les étudiants étrangers au terme de leur formation, ne sera pas retirée, et vient de faire sa première victime, un ingénieur d'origine libanaise. Paris. De notre correspondant L a préfecture de l'Isère vient de signifier à Amro Al Khatib, 25 ans, ingénieur à Air Liquide, qu'il ne pourra plus travailler en France. Embauché après une sélection sévère, 60 candidatures, le jeune Libanais a déposé une demande d'autorisation de travail à la préfecture et a rejoint son bureau. Après deux mois de période d'essai, il reçoit son CDI et une… interdiction d'exercer. Et donc remercié. Depuis la mise en place de la circulaire Guéant, les étudiants en fin de parcours se heurtent à une logique administrative qui les prive d'emploi. La semaine dernière, plusieurs centaines d'étudiants étrangers diplômés avaient manifesté devant l'université de La Sorbonne, à Paris, pour réclamer le retrait de la circulaire Guéant qui restreint la possibilité de rester travailler en France. A la suite de cette circulaire du 31 mai, de nombreux diplômés étrangers, dont certains très qualifiés, se sont vu refuser la possibilité de rester travailler en France, un sujet d'inquiétude pour les universités et grandes écoles. Le Collectif du 31 Mai les appelait à manifester. La CGT a annoncé son intention d'attaquer devant le Conseil d'Etat l'arrêté qui réduit de moitié la liste des métiers ouverts aux travailleurs non européens, reprochant au gouvernement d'avoir décidé cette mesure «sans aucune concertation». «Cette liste hétéroclite, dressée de manière totalement arbitraire, ne correspond même pas aux métiers réellement en situation de pénurie de main-d'œuvre dans les différents bassins d'emploi», estime la CGT. Le gouvernement a réduit de moitié, à 14 corps de professions, les métiers dits «en tension» – pour lesquels les employeurs ont du mal à trouver preneurs – ouverts aux étrangers non communautaires. Après le diplôme, l'avion Les manifestants, hautement diplômés, avaient obtenu des promesses d'embauche d'entreprises françaises mais n'ont pu prendre leur poste en raison de la circulaire. Ils ont brandi de faux diplômes qu'ils ont jetés dans une poubelle pour montrer qu' «obtenir un diplôme seul ne suffit pas, et qu'une expérience professionnelle est nécessaire après l'avoir obtenu», selon Fatma Chouaieb, porte-parole du Collectif. «Nombre d'étudiants ont eu des refus à leur changement de statut (d'étudiants à salariés) et se retrouvent dans des situations de précarité, alors même que nous devrions être en train de travailler pour le rayonnement de la France», a-t-elle souligné. Des représentants du Collectif ont rencontré dans la matinée des membres du cabinet du ministre de l'Enseignement supérieur, Laurent Wauquiez, qui a demandé à Claude Guéant de «corriger» sa circulaire. Le gouvernement n'entend pas revenir sur sa décision. La circulaire ne sera pas retirée, a déclaré le Commissaire à la Diversité, Yazid Sabeg. La circulaire concernerait 6000 étudiants diplômés étrangers, soit le nombre ayant obtenu un changement de statut en 2010.