Un plan d'action en cinq points a été approuvé par les ministres des Finances et les gouverneurs des Banques centrales du groupe des sept (G7), pays les plus industrialisés au monde, réunis jeudi dernier à Washington. C'était prévisible, les pays développés regardant dans la même direction en ce qui concerne cette crise financière. Le G7 a convenu que la situation actuelle appelle une action urgente et exceptionnelle. Finalité : stabiliser, et de manière concertée, les marchés financiers et restaurer le flot du crédit pour soutenir la croissance économique mondiale. Les cinq points en question peuvent être résumés comme suit : prendre des mesures décisives et utiliser tous les outils pour soutenir les institutions financières d'importance systémique et empêcher qu'elles fassent faillite ; prendre toutes les mesures nécessaires pour débloquer le crédit et les marchés monétaires et pour s'assurer que les banques et les institutions financières aient un accès large aux liquidités et aux capitaux ; faire en sorte que les banques et les autres intermédiaires financiers majeurs puissent, quand c'est nécessaire, lever des capitaux de sources publiques comme privées, en des montants suffisants pour restaurer la confiance et leur permettre de continuer à prêter aux ménages et aux entreprises ; faire en sorte que les programmes nationaux respectifs de garantie des dépôts bancaires soient robustes et cohérents, de manière à ce que les petits déposants puissent continuer à avoir confiance dans la sécurité de leurs dépôts ; prendre des décisions, lorsque c'est approprié, pour relancer le marché secondaire de la dette hypothécaire et d'autres actifs titrisés. Des évaluations précises, une information transparente sur ces actifs et la mise en œuvre cohérente de normes comptables de haute qualité sont nécessaires pour sous-tendre cette plate-forme de sortie de crise. Ce n'est pas tout, les pays les plus industrialisés insistent sur le fait que ces actions doivent être prises de manière à protéger le contribuable et à empêcher des effets potentiellement dommageables sur d'autres pays. Ils avancent également qu'ils vont utiliser les outils de politique macroéconomique quand cela est nécessaire et adéquat. Ils soutiendront fortement le rôle déterminant du FMI pour aider les pays affectés par ces turbulences. Les procédures urgence réactivées L'institution que dirige, aujourd'hui, le Français Dominique Strauss-Kahn a décidé, jeudi dernier, de réactiver les procédures d'urgence. Le FMI semble ainsi vouloir aller au concert, et vite. Ces mesures sous-tendent, en fait, des programmes financiers basés sur une conditionnalité simplifiée. Dominique Strauss-Kahn, au cours d'une rencontre jeudi dernier à Washington, a expliqué que ces procédures visaient à «répondre aux problèmes» qui pourraient intervenir dans certains pays émergents. Des propos analogues, ou presque, ont été tenus mercredi 8 octobre par le patron de la Banque mondiale. Celui-ci a souligné que «cette crise ne doit pas nous faire perdre de vue ce qui se passe dans les pays pauvres». La procédure évoquée par le directeur du FMI a été lancée en 1995. Elle autorise des avances, un accès large, et également une conditionnalité simplifiée même si parfois des actions préalables peuvent être attendues. Le FMI rappelle que cette procédure avait été utilisée six fois : en 1997, pour les Philippines, la Thaïlande, l'Indonésie et la Corée du Sud ; en 2001, pour la Turquie et, en 2008, pour la Géorgie. Il n'y a pas de possibilité de financer la situation sans un programme définissant la politique économique à suivre, mais il faut le faire très rapidement. Très rapidement signifie en deux semaines tout au plus, a souligné Strauss-Kahn, dans une de ses déclarations. Il est question également dans le plan d'action cité plus haut de faire avancer la mise en œuvre complète des recommandations du Forum de stabilité financière. «Une crise mondiale qui nécessite une solution mondiale» La crise aujourd'hui semble avoir fait prendre conscience au G7 qu'il y a nécessité de réformer le système financier. Ce dont tous les chefs d'Etat des pays riches sont sûrs, c'est que tout le monde est d'accord sur le besoin d'une «réponse sérieuse à l'échelle mondiale». C'est le propos de W. Bush devant le G7. «Chacun de nous reconnaît qu'il s'agit d'une grave crise mondiale et par conséquent elle requiert une réponse sérieuse à l'échelle mondiale», a-t-il dit en substance. Il s'exprimait dans la roseraie de la Maison-Blanche, à l'issue d'une réunion d'une quarantaine de minutes avec les grands argentiers du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon, du président de la Banque mondiale et du directeur général du Fonds monétaire international (FMI). La secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, le secrétaire au Trésor, Henry Paulson, et le conseiller à la sécurité nationale, Stephen Hadley, étaient également présents, alors que la Maison-Blanche essaye par tous les moyens de rassurer le public américain et les investisseurs. Le patron de la Maison-Blanche a vanté le rôle des Etats-Unis. «Ceux-ci ont un rôle particulier à jouer pour trouver une solution, à la crise», a-t-il formulé, assurant que «notre gouvernement va user de tous les outils à sa disposition pour résoudre la crise». Le président remonte ensuite le temps, en ayant cette phrase : «L'Amérique s'est engagée à ne pas répéter les erreurs commises lors de la crise de 1929, qui avait, elle aussi, commencé aux Etats-Unis avant de s'étendre au monde entier. Il y a eu des crises par le passé quand de puissantes nations ont mobilisé leur énergie les unes contre les autres, ou ont tenté de s'isoler du monde», a-t-il rappelé. «Cette fois, les choses sont différentes : les dirigeants réunis à Washington ce week-end travaillent tous à atteindre les même objectifs», a-t-il affirmé. «Nous sommes dans le même bateau et nous nous en sortirons ensemble», a-t-il souligné. Sur le Vieux Continent, les pays les plus influents dans l'espace européen parlent également le même langage. Le président français, Nicolas Sarkozy, le fera savoir. Il a déclaré qu'il existait une «parfaite identité de vues» entre l'Allemagne et la France dans la gestion de la crise financière internationale. «Toutes les décisions, toutes les préparations, toutes les analyses, nous les faisons ensemble», a-t-il martelé. Il y a une dizaine de jours, la chancelière allemande a sèchement rejeté une proposition faite par le chef d'Etat français : un fonds européen, pour faire face à la crise. Y. S.