Après l'Union européenne, c'est au tour du Groupe des sept pays les plus industrialisés et du Fonds monétaire international de demander que la reconstruction de l'Irak se fasse sous l'égide de l'Organisation des Nations unies. L'opposition à la volonté américaine de reconstruire l'Irak sans l'Onu ne se limite pas à la France, l'Allemagne et la Russie. Le Groupe des sept pays les plus industrialisés, dont les ministres des Finances et les gouverneurs des banques étaient en réunion vendredi et samedi à Washington, a formulé une demande allant dans le même sens. Ce souhait est appuyé par le Fonds monétaire international qui a appelé à une nouvelle résolution de l'Onu sur l'Irak. Les prises de position de ces deux institutions au sein desquelles le rôle des Etats-Unis est non-négligeable, ont de quoi surprendre les observateurs. Il a fallu beaucoup de diplomatie pour rapprocher les points de vue des uns et des autres, notamment au sein du G7 où la question de la dette de l'Irak était loin de faire l'unanimité. La demande américaine en direction de la France, l'Allemagne et la Russie, formulée par le secrétaire d'Etat adjoint à la Défense, Paul Wolfowitz, d'annuler tout ou partie de la dette irakienne, a été rejetée. Berlin a été plus catégorique que Paris ou Moscou en affirmant par la voix de son ministre des Finances, Hans Eichel, que son pays “ne s'attend pas seulement à récupérer son argent, mais il va le récupérer”. La créance allemande s'élève à quelque quatre milliards d'euros. Ceci dit, le groupe des sept pays les plus industrialisés s'est gardé de faire une évaluation publique de la dette irakienne, qui dépasserait les 380 milliards de dollars, si on prend en compte les compensations dues au titre de l'invasion du Koweït en 1990. Le plus important, selon les observateurs, est que cette institution reconnaît “la nécessité d'un effort multilatéral pour aider l'Irak”. “Nous soutenons une nouvelle résolution du Conseil de sécurité des Nations unies”, écrivent les ministres des Finances du G7 dans un communiqué rendu public à l'issue de leur rencontre. Cette position a reçu l'appui du Fonds monétaire international qui a souligné la nécessité de restaurer d'urgence la sécurité en Irak. Le comité du FMI estime que “l'engagement de la communauté internationale, y compris des institutions de Bretton Woods (FMI et Banque mondiale), serait essentiel à un développement économique, social et politique en Irak”. Reste à savoir maintenant comment réagira Washington face à cette situation plutôt favorable aux partisans d'une reconstruction de l'Irak sous l'égide des Nations unies, alors que Colin Powell n'a pas laissé de place au doute à ce sujet en excluant l'éventualité de céder le dossier à l'Onu. Dans ce cadre, les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne se réuniront aujourd'hui au Luxembourg pour traiter à nouveau du sujet, un sommet informel de l'instance européenne mercredi et jeudi à Athènes. La reconstruction de l'Irak est loin d'être une affaire réglée, la bataille ne fait que commencer entre les différents protagonistes. K. A.