Les usagers de la santé à nouveau pénalisés par une grève du corps médical. En effet, les professeurs chercheurs et les maîtres-assistants en sciences médicales sont en grève de trois jours, renouvelable chaque semaine. Le mouvement protestataire est effectif depuis hier, à l'appel du syndicat représentant la majorité des membres de la corporation, qui avait déjà prévenu le ministère de tutelle qu'il allait revenir à la charge après la suspension du mouvement de grève, le 6 octobre dernier. Principale revendication des hospitalo-universitaires, la mise en place d'une commission d'enquête sur la pénurie de médicaments. Le sujet n'est pas nouveau, l'on pourrait même dire qu'il a été consommé par d'autres (associations des malades, syndicats des pharmaciens...), mais les professeurs et les maîtres-assistants jugent que le problème n'est pas réglé, du moment que les pénuries persistent, alors que la facture d'importation des médicaments augmente. «Il est inconcevable de relever des pénuries de médicaments au moment où la facture d'importation atteint 2,5 milliards de dollars en 2011», a déclaré le Pr Djidjeli Nacereddine, secrétaire général du syndicat. Dans de récentes déclarations à la presse, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Djamel Ould Abbès, a accusé des parties, qu'ils qualifient de lobbies, d'être à l'origine de toute la spéculation que connaît le marché du médicament en Algérie. Selon lui, le montant de la surfacturation des médicaments a atteint les 98 millions dollars et pourrait aller jusqu'à 150 millions de dollars dans un proche avenir. Toutefois, depuis le temps que le ministre avance ces chiffres et parle de lobbies, il n'a donné aucun nom de laboratoire ou d'organisme suspect, ni n'a procédé à des poursuites judiciaires à l'encontre des parties ou des personnes mises en cause. Les hospitalo-universitaires réclament des noms et des actions en justice pour que les choses soient tirées au clair et qu'il n'y ait plus de pénuries de médicaments.Outre cette commission d'enquête, les hospitalo-universitaires réitèrent leur appel à la révision de leur statut particulier, le régime indemnitaire, des logements et autres revendications d'ordre socioprofessionnel. Hier, au premier jour du mouvement, la grève a été suivie à plus de 90%, selon le représentant du syndicat, Djidjeli Nacereddine. Toutes les consultations et interventions chirurgicales considérées comme non urgentes ont été reportées. Les cours pour les étudiants en médecine également. C'est la conséquence logique du débrayage. Seul le service des urgences est assuré. Pour le moment, l'action protestataire n'est pas vraiment visible pour le simple citoyen qui n'a pas à traiter directement avec les professeurs et les maîtres- assistants, mais ce sera bientôt ressenti avec les reports qui seront annoncés, particulièrement en ce qui concerne les interventions chirurgicales. Aucune réponse n'est parvenue des services du ministère de tutelle pour reprendre le dialogue avec la corporation en colère. En attendant un éventuel dénouement de la situation, les malades devraient prendre leur mal en patience, soit tout le temps que nécessitera le traitement des problèmes soulevés par les grévistes. Bon gré mal gré, les citoyens continuent de subir les défaillances du système de santé. K. M.