La taxe sur l'acquisition de véhicules neufs n'en finira visiblement pas de sitôt de faire parler d'elle tout en faisant parler les divergences à différents niveaux et sphères de décision. Hier, le dossier était derechef évoqué par le ministre des Finances qui répondait aux questions des députés sur le projet de loi de finances. Egal à lui-même et faisant preuve des mêmes convictions qu'il avait manifestées lors de la promulgation du décret relatif à la nouvelle taxe en juillet dernier, Karim Djoudi campera sur ses positions et défendra jusqu'au bout ce texte qui continue à faire d'immenses vagues de contestations sur le marché de l'automobile, causant des réticences chez bon nombre de clients potentiels et poussant les volumes des ventes des concessionnaires vers des bas insoupçonnés avant l'avènement de la loi de finances complémentaire 2008 et le fameux texte qui a tout fait chambouler dans les prévisions préalablement à la hausse d'un marché en plein boom et enregistrant record sur record de ventes. La taxe est là, et le gouvernement, par l'entremise de son ministre des Finances, semble bel et bien décidé à aller jusqu'au bout de sa logique et à défendre bec et ongles les vertus de la taxe surprise sur le transport public et, partant, à faire taire le mécontentement de députés décidés, eux aussi, à obtenir gain de cause et à faire aboutir l'offensive de l'Association des concessionnaires automobiles d'Algérie qui se déploie actuellement sans répit pour se débarrasser d'une loi synonyme de sanction contre le marché et ses perspectives. En fait, si la fameuse taxe sur l'achat de véhicules neufs en fait jaser plus d'un depuis son instauration, c'est sans doute parce que le marché de l'automobile en Algérie s'avère être un indice hautement révélateur de la restructuration économique dans le pays et de son ouverture au commerce extérieur. Le secteur de l'automobile étant naturellement porteur à différents paliers et créateur d'intérêts qui dépassent parfois le stade économique, il devient tout autant naturel qu'une taxe qui varie entre 50 000 et 150 000 dinars suscite autant de remous et de controverses et pousse à agir, comme cela a d'ailleurs été longtemps le cas pour l'autorisation d'importer des véhicules d'occasion avant que cette loi ne tombe sous le coup d'une ordonnance présidentielle en 2005. En fait, ce qui pourrait être le plus dramatique dans toute cette histoire de taxe pour l'achat de véhicules neufs, c'est qu'elle semble faire oublier toutes ces petites taxes qui sanctionnent quotidiennement le petit sans qu'elles soient forcément appelées taxes. Les prix qui augmentent sans répit, au gré des humeurs et au rythme de la spéculation ne sont-ils pas, en fin de compte, plus pernicieux pour l'équilibre des petits budgets. Mais les petits budgets, ce n'est peut-être pas l'affaire des grands salaires. L. Y.