Photo : M. Hacène De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad
Si les ressorts de la solidarité ont quelque peu faibli aux prises avec certains effets négatifs des changements survenus contre leur gré ou bien adoptés consciemment, il n'en demeure pas moins que des actions entreprises lors des différentes tragédies vécues par la région de Kabylie démontrent que l'espoir est permis et qu'il suffit d'organiser les élans de solidarité et d'entraide pour en faire des institutions durables. Depuis plus de dix jours, le principe de solidarité a été encore une fois mis en avant pour faire face à la vague de froid, aux multiples pénuries de produits de base et de commodités, et aux dangers entraînés par les fortes intempéries qui ont fait des morts et des milliers de personnes dans le besoin d'aide urgente alors que les pouvoirs publics ont fait dans le rattrapage des erreurs de la mauvaise gestion et le manque grave de prévisions et d'anticipation dans la prise en charge des conséquences des calamités naturelles sur les populations et leurs biens. Tout en sachant que dans ce genre de situations exceptionnelles de détresse populaire, aucune force ne peut faire ce que l'Etat doit faire. Mais que l'Etat n'a pas fait. On a laissé cumuler la neige jusqu'à atteindre plus de deux mètres dans plusieurs localités montagneuses de la Kabylie, ensuite on a fait appel à la télévision algérienne pour transmettre au public les images de responsables sur place accompagnant des engins de déneigement dans les chefs-lieux de daïras feignant d'oublier que des milliers de villages étaient déjà sous la neige, sans accès routiers, sans électricité et gaz depuis des jours et des nuits. Entre temps, les villageois isolés ont aidé des agents de Sonelgaz à rétablir le courant électrique en ouvrant par leurs propres moyens les chemins communaux et les pistes, transporté des malades dialysés vers l'hôpital à dos de bêtes de somme, porté secours aux vieux vivant seuls, approvisionnés les épiceries de villages en denrées alimentaires, etc. Dans d'autres communes de la région et à l'étranger parmi la diaspora, les gens se sont organisés pour apporter et transmettre des aides et des dons collectés via les réseaux sociaux, les radios et les associations communautaires de différentes natures. Des exemples, à Freha, au nord-est de Tizi Ouzou, des anonymes déposent des plats chauds au niveau de la mosquée de la ville pour les personnes qui font la queue devant Naftal depuis des jours pour une incertaine bouteille de gaz ; de la mosquée Arezki Cherfaoui, au chef-lieu de wilaya de Tizi Ouzou, une caravane d'une dizaine de véhicules chargés d'aliments et de couvertures s'est rendue il y a quelques jours dans les villages coincés sous la neige à Iferhounène en haute montagne. A Alger, une opération de solidarité avec la Kabylie a été préparée par des militants associatifs et des dons divers ont été déposés au niveau du jardin en face de la station essence du Sacré-Cœur et transportés en Kabylie samedi dernier. A l'étranger, en France plus précisément, un gala de solidarité avec les sinistrés de la Kabylie est prévu cette semaine avec des artistes et des chanteurs kabyles. Beaucoup de chanteurs ont donné leur accord et l'argent du spectacle sera transféré aux nécessiteux de la région via les comités installés à cet effet des deux côtés de la Méditerranée. La Radio communautaire Canut de Lyon a diffusé, samedi 11 février, une émission intitulée «Berbères sans frontières» consacrée aux sinistrés de la Kabylie. Une pétition de sensibilisation à la situation dans la région a été lancée, lundi dernier, via le net par des universitaires incitant les entrepreneurs et les hommes d'affaires à faire des dons en direction de leurs concitoyens bloqués par la neige.Mais ces actions qui font chaud au cœur peuvent-elles se substituer aux bienfaits d'un plan orsec que le gouvernement doit déclencher en pareille circonstance ? Non assistance à personne en danger de mort !