Le représentant permanent de la Syrie aux Nations unies, Bashar Jaafari, a déclaré hier au siège de l'ONU à New York que la communauté internationale avait failli à ses principes de non-ingérence et de respect de la souveraineté nationale et de l'intégrité territoriale en Syrie, contribuant ainsi à prolonger le conflit dans ce pays. «C'est comme si la Charte de l'Organisation des Nations unies dans son entier avait été ignorée, et qu'un nouveau projet avait pris sa place», a-t-il déclaré. Jaafari a tenu ces propos devant l'Assemblée générale qui s'était réunie pour examiner le rapport présenté par le Conseil des droits de l'Homme sur la situation en Syrie. Le rapport condamne les «violations persistantes, généralisées, systématiques et flagrantes des droits de l'homme et des libertés fondamentales commises par les autorités syriennes», et invite le Secrétaire général Ban Ki-moon à soutenir les initiatives proposées par la Ligue arabe. Le représentant syrien a déclaré que la Haut-commissaire aux droits de l'Homme, Mme Navi Pillay, n'avait pas suffisamment enquêté sur les prétendues violations des droits de l'Homme en Syrie, et que Mme Pillay s'était exprimée en s'appuyant uniquement sur des rapports qui lui avaient été remis, et non sur des faits confirmés sur le terrain. Quant au HRC, il n'a utilisé dans son rapport que des informations partiales recueillies auprès des mouvements d'opposition en Syrie, a-t-il estimé. Selon al-Jaafari, la Haut-commissaire a omis d'enquêter sur les attaques visant la Syrie, entre autres les sanctions imposées par d'autres pays, et les attaques à la bombe commises contre des cibles gouvernementales à Alep et à Damas, qui ont entraîné nombre de morts et de blessés. Al-Jaâfari a souligné qu'Al-Qaïda serait responsable des attentats suicides dans ces deux villes, souhaitant que Mme Pillay reconnaisse ce fait dans son prochain rapport sur la Syrie. En Syrie, les groupes terroristes sont allés jusqu'à miner des édifices pour les détruire à distance, a-t-il déclaré. Jaafari s'est également demandé comment l'ONU pouvait prétendre s'opposer fermement à Al-Qaïda, alors que certains de ses Etats membres soutiennent ce groupe terroriste. Il a en outre fait savoir qu'Al-Qaïda avait ordonné à ses militants de converger vers la Syrie. Jaafari a regretté que la Ligue arabe et le Conseil de coopération du Golfe (CCG) aient rejeté les efforts de la Syrie pour les droits de l'Homme et les réformes démocratiques. Malgré cela, la Syrie continuera à se tenir aux côtés des autres pays arabes et à les défendre, a-t-il affirmé. Sur le terrain, le Croissant-Rouge syrien a affirmé distribuer de l'aide médicale et alimentaire à des milliers de personnes dans la ville de Homs où, selon un décompte de l'ONU, plus de 300 personnes ont péri depuis le 4 février. Face à cette crise, la Ligue arabe, qui avait déjà tenté de faire passer à l'ONU une résolution condamnant Damas - bloquée par Pékin et Moscou - a décidé de demander au Conseil de sécurité la formation d'une force conjointe. L'idée d'une mission de paix ne fait toutefois pas l'unanimité. La Russie a dit étudier la proposition, tout en jugeant qu'un cessez-le-feu était nécessaire au préalable. La Chine ne s'est pas prononcée. Arabes et Occidentaux doivent lancer cette semaine une nouvelle tentative pour faire condamner Damas, cette fois à l'Assemblée générale de l'ONU. Une «Conférence des amis de la Syrie» devrait être organisée à Tunis le 24 février. R. I.