L'opposition accuse le régime de Bachar al-Assad de préparer un massacre suite aux évènements qui se sont produits et suscitant l'inquiétude de Washington. Neuf civils ont été tués, hier en Syrie, par les forces de sécurité du régime du président Bachar al-Assad, secouée depuis mars par une révolte populaire sans précédent. Les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des manifestants la veille, faisant 41 autres victimes civiles. Malgré le déploiement massif des forces de l'ordre, de nombreuses manifestations ont eu lieu à travers le pays sous le slogan "la grève de la dignité", en prévision d'une grève générale demain, selon des militants et l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Douze personnes sont mortes à Homs, haut-lieu de la contestation contre le pouvoir en place, et une autre personne a été tuée dans le village d'Aqrab, dans cette région, selon un communiqué l'OSDH. Plus au nord, à Hama ( 210 km au nord de Damas), cinq civils ont été tués par des tirs des forces de sécurité. En outre, 18 personnes ont été tuées à Douma, Saqba, Kafarbatna, Hamourié et à Dmeir, des villes de la province de la capitale Damas, a indiqué l'ONG. Une femme et une fillette ont été tuées dans la province de Deraa (sud) d'où est parti le mouvement de contestation. Dans la province d'Idleb, deux civils ont été tués dans la ville de Maaret al-Nooman. Un chauffeur de taxi a péri par des balles tirées depuis un barrage dans cette même région. Cette association basée au Royaume-Uni a également fait état de nouveaux violents affrontements entre déserteurs et forces gouvernementales, à Douma et à Saqba, à 10 km de la capitale. Le Conseil national syrien (CNS), qui réunit la majorité des courants de l'opposition, a dit craindre un massacre à Homs, cible d'une répression violente depuis des semaines. Toutes les informations, les vidéos, ainsi que les militants sur le terrain affirment que le régime se prépare à commettre un massacre collectif pour faire taire la révolution à Homs, et en faire un exemple pour les autres régions. Le régime prétexte des incidents confessionnels pour justifier ses actes, affirmant qu'à Homs, les forces de l'ordre incendiaient des mosquées, torturaient et tuaient des jeunes, enlevait des femmes et des enfants, et que des milliers de soldats encerclaient la ville. Les Etats-Unis ont fait part de leur profonde inquiétude quant à ces informations. La porte-parole du département d'Etat, Victoria Nuland, a souligné que M. Assad serait tenu responsable de tout décès provoqué par les forces gouvernementales et Londres a demandé à Damas de retirer immédiatement ses forces de Homs. A Damas, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Jihad Makdessi, a lancé un appel au monde extérieur et à ses frères du monde arabe pour aider la Syrie (à faire cesser) l'acheminement d'armes dans le pays, afin d'aider à trouver une sortie honorable à la crise. Ils veulent par ailleurs que les autres, tous les autres, soutiennent l'évolution de la Syrie, pas la confrontation armée en Syrie, affirmant que M. Assad était horrifié et attristé par les violences meurtrières qui secouent le pays depuis près de neuf mois. Il a précisé que Damas étudiait une réponse de la Ligue arabe à sa demande de levée des sanctions de l'organisation avant la venue d'observateurs arabes. A Bagdad, le ministre irakien des Affaires étrangères, Hoshyar Zebari, a affirmé que son pays allait développer ses relations avec l'opposition syrienne, à l'exception de l'opposition armée et que la situation les oblige à jouer les bons offices. La Turquie a, en revanche, annoncé qu'elle allait suspendre un accord de libre échange avec la Syrie, déjà suspendu par Damas, et prendre des dispositions pour éviter la Syrie dans ses relations commerciales avec le Proche-Orient. La Russie a confirmé que la responsable des droits de l'Homme de l'ONU, Navi Pillay, serait entendue par le Conseil au sujet de la Syrie, une demande formulée par Paris, Londres et Berlin. Cette audition est prévue après-demain à 19H00 GMT. Les Européens, France en tête, plaident depuis des mois, mais en vain, pour que le Conseil de sécurité condamne la répression en Syrie. Lors d'une conférence de presse, Mme Pillay a estimé que des vies auraient pu être sauvées si une action avait pu être entreprise plus tôt au Conseil de sécurité. La répression a fait selon les Nations unies, au moins 4.000 morts, dont plus de 300 enfants, un bilan crédible, ont affirmé hier le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et Navi Pillay. Dans un entretien mercredi dernier à la chaîne américaine ABC News, M. Assad a dit n'accorder aucun crédit au bilan avancé par l'ONU, estimant que l'organisation n'était pas crédible. Mme Pillay a insisté qu' Il s'agit de dépositions de première main auprès de témoins, beaucoup de ces informations provenant de l'intérieur du pays par Skype, rappelant que plus de 220 témoins avaient été interrogés. Elle ajoute, en outre que le président syrien ne peut pas balayer tout cela d'une affirmation sans fondement, tout en exhortant le président syrien à laisser une commission d'enquête entrer dans le pays. "Il est très important que nous allions là-bas et vérifions sa version", a-t-elle dit. Elle a encore souligné que les défections de plus en plus nombreuses dans les rangs des forces armées faisaient planer la menace d'une véritable guerre civile, rappelant que près de 1.000 membres des forces de l'ordre syriennes avaient été tués dans les violences depuis la mi-mars.