Il y a quelques années, Tizi Ouzou ne disposait que de l'annexe du Musée national du moudjahid avant que les pouvoirs publics, aidés en cela par le renflouement des caisses de l'Etat grâce aux hausses successives du prix du baril du pétrole, ne concèdent la réalisation des autres institutions muséales susmentionnées et l'inscription de nouvelles autres, dont certaines sortiront enfin du carcan de la présence française en Algérie dans lequel on a cloîtré l'histoire de l'Algérie et l'institution muséale. En effet, il y a été inscrit la restauration du bordj turc de Boghni et la mise en œuvre du plan permanent de sauvegarde du village traditionnel d'At L'Qaïd, dans la région des Ouadhias. Les pouvoirs publics comptent également réaliser un musée régional des arts et d'archéologie, à implanter au niveau de la ville nouvelle de Oued Falli dont la réalisation a accusé un énorme retard qui va certainement se répercuter sur les délais de réalisation du projet lui-même.Donc aujourd'hui, Tizi Ouzou n'est pas encore bien lotie en matière de musées. Et les chercheurs qui seraient intéressés par la période antérieure à 1830 ne trouveront rien dans les quelques musées de la wilaya pour approfondir leurs recherches. Ils ne trouveront que des objets et autres récits glorifiant la Guerre de Libération nationale. En fait, même la période d'avant 1954 n'est pas prise en charge par les musées de la région, y compris par le musée créé en lieu et place de la maison natale de Lalla Fatma N'Soumeur, haute représentante de la résistance populaire, depuis 1930 jusqu'en 1957. Il faut comprendre que quand des musées limitent leur intervention dans un espace temps (ici, c'est la Guerre de la Libération nationale et à un degré moindre, la présence française en Algérie), ils ne constituent pas une forte attraction pour des recherches historiques et scientifiques en nombre important. Par ailleurs, la convention, signée par le musée de Tizi Ouzou et la direction de l'Education nationale dans le cadre de l'organisation de visites guidées pour les écoliers de tous les niveaux, a montré toute son inefficacité du fait notamment du manque d'enthousiasme constaté chez les enseignants, même si cet enthousiasme est visible chez les élèves eux-mêmes pour des raisons différentes. «Y en a vraiment marre de l'histoire de la Guerre de Libération nationale que le pouvoir a fossoyée dès l'indépendance et qu'on ressasse à longueur d'année», dit cet enseignant d'histoire et géographie dans un collège de Tizi Ouzou qui dit «ne pas comprendre pourquoi enfermer l'histoire de l'Algérie et de Tizi Ouzou à l'occupation française, alors que notre pays a des milliers d'années d'histoire à raconter». Il citera la présence romaine et phénicienne qui a laissé des traces dans notre pays ainsi que les différents royaumes amazighs. Pour lui et son collègue, enseignant de langue anglaise, «l'Algérie n'est pas née en 1962 ni en 1830. L'Algérie a une histoire millénaire que les pouvoirs publics doivent promouvoir avec toutes ses étapes» martèlent-ils non sans appeler les pouvoirs publics à revoir de fond en comble leur politique muséale pour que «les élèves cessent de s'ennuyer dans les couloirs de nos musées». Car, pour ces deux enseignants et un autre exerçant dans un établissement secondaire que nous avons interrogés, il s'agit de transformer, pour les élèves, les visites pédagogiques aux musées de séances récréatives en missions éducatives. Les visites aux musées organisées par la direction de l'Education nationale au profit des élèves de la wilaya sont plutôt considérées comme des sorties plus récréatives que pédagogiques par les élèves eux-mêmes. Et quoi de mieux que de diversifier le contenu des musées pour faire renaître l'engouement chez les enseignants et susciter l'intérêt chez les élèves.