Hocine Ben Ammar : A l'occasion du festival, j'ai pris la décision de me déplacer depuis Skikda, pour faire découvrir mes productions. Comme vous le remarquez, je ne possède pas de stand. J'ai seulement ces petits livrets qui contiennent les dix premières planches de trois bandes dessinées différentes que je vais prochainement éditer.
Sont-elles les œuvres de bédéistes algériens ? Malheureusement non. J'aurais bien aimé. J'ai acheté les droits d'auteur chez des bédéistes français et je les édite à Skikda.
Pourquoi acheter des droits d'auteur à l'étranger quand il y a des bédéistes en Algérie ? Je ne pense pas que des bédéistes professionnels existent chez nous. Mais attention, je parle des jeunes dessinateurs. Sincèrement, je pense qu'ils manquent de professionnalisme. C'est-à-dire qu'ils sont incapables d'honorer les engagements qu'ils prennent. Je vous parle en connaissance de cause. Aussi, pour une première, j'ai préféré ne pas prendre de risques. Je précise seulement que contrairement à certains, j'ai refusé de faire du piratage.
Quand comptez-vous faire découvrir ces œuvres ? Je vais exposer dans un stand durant le prochain Salon international du livre d'Alger. Je compte éditer 10 000 exemplaires de chacune de ces trois bandes dessinées qui seront proposées à des prix très raisonnables, pas plus de 200 DA.
Au vu de la situation de la BD en Algérie, n'est-il pas risqué de s'y investir, surtout quand on débute dans la profession ? Qu'est-ce qui vous décide à rejoindre ce cercle restreint ? Par amour. Je suis un énorme fan de bandes dessinées. Et j'ai trouvé désolant le fait que la BD se vende à 500 DA, dans ma région, Skikda. C'est là que je me suis promis de mettre la BD à la portée des jeunes. Pour concrétiser mon projet, j'ai dû démarrer à zéro. Pour son montage, j'ai eu recours au crédit ANSEJ (Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes).
C'est une initiative courageuse ! N'aviez-vous pas peur de rater votre coup avec ce secteur où la réussite tient presque du challenge ? Contrairement à ce que l'on croit, il y a beaucoup de choses à découvrir. Il existe en Algérie de jeunes dessinateurs productifs qui ne demandent qu'à être formés. Leur productivité est plus que fructueuse. De plus, je trouve que ce secteur est très prometteur.
Que pensez-vous de l'instauration du festival de la BD à Alger ? Je pense que cela a vraiment tardé à venir ! Depuis le temps qu'on attendait cela. J'ai hâte de voir la fièvre des bandes dessinées s'emparer des gens comme c'était le cas avant.
Un commentaire sur le festival ? Je trouve qu'il ya beaucoup de jeunes qui n'attendaient que cela ; la preuve : je n'ai cessé de rencontrer de jeunes dessinateurs qui ne demandent qu'à être édités. Sinon, il est encore tôt pour juger aussi bien le festival que l'impact qu'il aurait.