«Le jour de la signature de ces accords, la France reconnaissait que le temps de la force et de la terreur était révolu. Désormais, seules la discussion et la négociation pouvaient résoudre les problèmes.» Cette sentence de feu Saâd Dahleb, ancien ministre des Affaires étrangères du Gpra et membre de la délégation algérienne qui avait mené les négociations ayant conduit à la signature des Accords d'Evian, résume à elle seule l'esprit des responsables français de cette époque. 50 ans après la signature de ces accords, le 18 mars 1962, les choses ont radicalement changé, puisque l'Algérie est indépendante. De l'autre côté de la Méditerranée, ces accords ont plutôt un autre goût, celui de l'Eden perdu. Des nostalgiques y rêvent toujours.Des acteurs et des observateurs de cet anniversaire, si particulier pour les Algériens (loin des considérations officielles qui ont toujours peur de cette date), parlent, 50 ans après, d'un jour fabuleux. D'un jour extrêmement important, puisqu'il a permis à l'Algérie d'atteindre un objectif rêvé depuis plus d'un siècle : l'Indépendance. Rédha Malek était porte-parole du Gpra lors des négociations d'Evian. Il se souvient aujourd'hui d'accords «arrachés au forceps», selon les propos recueillis par l'APS. Pour lui, le 18 mars «fut un moment historique dans ce sens où, a-t-il précisé, les Algériens venaient d'arracher une victoire ayant consacré les principes énoncés dans la Déclaration du 1er Novembre 1954. C'est ainsi qu'il a considéré que ces accords n'étaient pas seulement un moyen de mettre un terme à une guerre extrêmement dure de 7 ans et 8 mois, mais aussi, il s'agissait d'une occasion pour montrer d'une façon éclatante que l'Algérie était devenue adulte et qu'elle ouvrait droit à la souveraineté». Par ailleurs, M. Malek est revenu sur les divergences opposant l'état-major de l'Armée de libération nationale au Gpra sur ces négociations, estimant que cette opposition illustrait «la particularité» et «la force» de la Révolution algérienne. Lors d'une session du Conseil national de la Révolution algérienne (Cnra), après le round des négociations des Rousses, le Gpra avait présenté pour la première fois un projet de texte non finalisé des négociations, se rappelle M. Malek qui a affirmé que les membres de l'état-major de l'ALN ayant voté contre les négociations s'étaient pliés à la décision de la majorité des membres du Cnra pour la poursuite des négociations. Le long de ces négociations «difficiles», raconte encore l'ancien chef du gouvernement algérien, les principes fondamentaux pour la délégation algérienne n'étaient pas négociables, reconnaissant, néanmoins, qu'«il y avait d'autres questions sur lesquelles la partie algérienne devait être flexible». Parmi ces questions, M. Malek a cité, toujours selon l'APS, le «statut des pieds noirs (minorité d'origine européenne) et le maintien de bases militaires françaises en Algérie». Pour Belaïd Abdesselam, qui était, au moment des faits, responsable du FLN, les Accords d'Evian «avaient permis au peuple algérien d'enterrer le plan de partition de l'Algérie et d'imposer l'indépendance totale et l'intégrité du territoire national». «Ces accords représentent un compromis historique nettement favorable au peuple algérien qui lui ont permis de s'exprimer librement pour l'indépendance de son pays, à travers un référendum d'autodétermination arraché de haute lutte, depuis la résistance et le mouvement national jusqu'à la guerre d'Indépendance», explique, pour sa part, Hassen Remaoun, historien et sociologue, cité par l'APS.Des conférences portant sur la signature des Accords d'Evian sont prévues un peu partout dans le pays. A. B.