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Butin de guerre et outil
Publié dans La Tribune le 20 - 10 - 2008

La présence du chef de l'Etat, pour la troisième fois, au sommet québécois des pays qui ont la langue française en partage, est le signe que quelque chose a bougé dans le rapport des Algériens avec le français et la francophonie. L'évolution n'est certes pas assez perceptible, mais l'Algérie officielle ne semble plus engoncée dans ce que la ministre québécoise des Relations internationales perçoit comme le «complexe français». Ce complexe, défini comme une crispation, en référence à l'héritage colonial, serait-il celui de la relation à la langue, à l'ancienne puissance coloniale ou à la francophonie ? Ou aux trois à la fois ? Vocable difficile à appréhender au-delà de l'idée de la langue comme bien commun, la francophonie n'est somme toute pas un concept politique précis. Pas plus qu'elle n'est un solide substrat philosophique. Alors, en dehors des sphères de la diplomatie et de l'économie, quel est aujourd'hui notre lien réel avec le français et les Français ? L'interrogation n'est pas si saugrenue que ça. Elle est même d'une actualité brûlante à l'heure où la francophonie, résumée par l'OIF, l'organisation qui en est le support multilatéral, compte 63 pays, dont 53 Etats membres de plein droit, 2 adhérents associés et 13 observateurs, dont l'Algérie. Elle tire aussi sa justification de ce statut particulier qui fait de notre pays le deuxième pays francophone au monde, en termes de poids démographique. D'observateur, l'Algérie est désormais «l'invité spécial» de ce cénacle, forum inconsistant qui compte en grande majorité d'anciens pays colonisés, essentiellement des Africains. Ce statut spécial, qui cache à peine une entreprise de séduction visant à amener l'Algérie à adhérer à l'OIF, serait après tout le signe que les Algériens ont une appréhension plus sereine de la problématique de la langue française et de la francophonie. La problématique est désormais inscrite dans «le dialogue et l'alliance des cultures». Dans la bouche du président Abdelaziz Bouteflika, la langue française devient même, banalement, «un moyen de communication, d'échanges et de rapprochement». Ainsi est-elle appréciée comme une fenêtre d'opportunité permettant aux jeunes Algériens, précisément à ceux qui n'ont pas connu la guerre d'indépendance, «une plus grande ouverture sur le monde». On est bien loin donc des appréciations, connotées par l'histoire, de Kateb Yacine et de Malek Haddad. Avant que le temps ne fasse son œuvre, le français était pour le père de Nedjma un «butin de guerre». Pour l'auteur du Quai aux fleurs ne répond plus, c'est «un exil». Pis que cela, un outil de séparation, d'aliénation et de désagrégation. Aux antipodes du pragmatisme tranquille de Kateb Yacine, Malek Haddad estimait, de son exil en France, qu'il était «moins séparé de [sa] patrie par la Méditerranée que par la langue française». Le désarroi philosophique du patriote était tel qu'il lui était difficile de concevoir que la langue française n'est finalement qu'un instrument excluant toute aliénation culturelle.
Torturé, l'écrivain qui ne maîtrisait pas la langue arabe, disait aussi qu'il a «perdu son burnous, son fusil et son stylo». Il n'était pas loin de penser qu'il était, in fine la langue qu'il utilisait, nécessairement son esclave, son objet et sa fin. Il vivait tragiquement ce que Louis Aragon appelait le «drame du langage». Et, s'il y a une part de nous-mêmes dans la langue de l'Autre, on a parfois besoin de son idiome pour se découvrir à soi-même. Ce monument de sérénité qu'est Mohamed Dib a, lui, mille fois raison de le dire. Le français nous appartient. Comme toutes les langues évoluées, il dit lui aussi le monde et les Hommes, l'être individuel et collectif. Contrairement à la bonne foi de Malek Haddad, en Algérie, aujourd'hui, lorsqu'on fait un bachelier, on ne fait plus un Français. La langue française dans notre si beau pays n'est plus cette danse du désir mortel devant un miroir déformant fabriqué par la France, puissance coloniale ou néocoloniale. C'est, encore et toujours, le «butin de guerre» de Kateb Yacine et «le moyen de communication et de rapprochement» d'Abdelaziz Bouteflika.
N. K.


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