par Rachid Mahi L'adhésion de l'Algérie à la Francophonie, en tant que membre à part entière, demeure jusqu'à ce jour une question sans réponse. Aussi, la présence du président de la République au Québec, sur insistance personnelle du président Sarkozy, donne l'impression qu'il y a un changement de cap sur cette question épineuse. Boudée depuis l'accession à l'indépendance, l'organisation de la francophonie était, en fait, très mal vue par les plus hautes autorités du pays, tantôt accusée par les ténors de l'arabisation d'être au service d'intérêts impériaux et de politiques de domination, tantôt jugée non influente par son poids et l'étendue de sa vulgarisation. Bien que le gouvernement algérien n'ait exprimé aucune volonté officielle d'adhérer à la Francophonie, les déclarations faites par le ministre québécois des Relations internationales et des Affaires francophones lors de sa visite en mai dernier à Alger ont suscité moult spéculations tant dans la presse locale qu'internationale et selon lesquelles l'Algérie pourrait rejoindre l'OIF. La réplique ne s'est, en tout cas, pas fait attendre puisqu'elle viendra par la voie du ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, qui fait la part des choses soulignant à ce sujet que la participation au sommet de la Francophonie est une chose, l'adhésion à l'OIF en est une autre, laissant ainsi entendre que l'Algérie n'a aucune intention d'adhérer à cette organisation. Bien que l'Algérie soit le deuxième plus important pays francophone au monde après la France, certains observateurs se demandent si elle n'a pas tout intérêt à y adhérer et d'en user comme outil pour faire avancer des solidarités réelles, des coopérations utiles, des rapports internationaux nouveaux. D'ailleurs, certaines modifications apportées à la charte de l'OIF en novembre 2000, consacrant le dépassement de la doctrine basée sur l'usage commun de la langue française et prônant une doctrine respectueuse de la souveraineté, des cultures et des langues des États membres, jouent en faveur de l'adhésion de l'Algérie. Au moment où montent des exacerbations identitaires, des dérives nationalistes, ethniques, racistes, des entreprises de guerre et de domination, le sommet de Beyrouth nous ouvre peut-être des fenêtres en quête d'un dialogue des cultures, ainsi que d'une affirmation de la diversité des identités.