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Farouk Ksentini accuse des partis de «fraude morale» et d'instrumentaliser la religion Dans un rapport qu'il transmettra au président Bouteflika avant le 30 mars
Photo : Riad Par Amar Rafa Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (Cncppdh), Farouk Ksentini, en abordant le rapport annuel qu'il remettra au chef de l'Etat avant le 30 mars, a accusé certains partis de pratiquer «la fraude morale», en leur reprochant de tenir des discours «populistes, démagogiques, corporatistes, régionalistes» et d'utiliser «la religion à des fins politiques».«La fraude physique est la manipulation des bulletins de vote. On peut la contenir. Des dispositions suffisamment sévères ont été prises à l'occasion des prochaines élections qui vont écarter cette fraude physique», a-t-il estimé ajoutant que «la plus dangereuse est la fraude immatérielle, la fraude morale». «Lorsque je vois des candidats, des partis, promettre des choses mirobolantes, irréalisables, qui risquent de tromper les électeurs, je suis inquiet. Les programmes que j'ai lus ne sont pas chiffrés. Il y a du discours d'ordre général et des promesses qui ne procèdent pas de la réalité des choses», a-t-il déclaré sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale.Selon Farouk Ksentini, «il faut combattre ces pratiques». Mais, «malheureusement, il n'y a pas de dispositions pénales susceptibles de les combattre efficacement. On est obligé de s'en remettre à la moralité des partis et des candidats et à la lucidité des électeurs», déplorera-t-il. Le président de la Cncppdh a estimé que l'usage de la religion à des fins politiques ou électoralistes doit être totalement interdit. «La Constitution elle-même l'interdit. Les choses sont claires. Mais, il y a et y aura nécessairement et malheureusement des dépassements. Je ne le souhaite pas, mais je le crains. C'est tellement facile de ratisser large en utilisant la religion à des fins électorales. Je m'en remets à la sagesse et à l'honnêteté intellectuelle des partis et des candidats», a-t-il souligné.Il a estimé que ces propos doivent être totalement retirés du discours politique, car susceptibles de «porter atteinte à l'unité nationale et fractionner la société». «Il est connu et reconnu que l'Islam est la religion de tous les Algériens, la religion de l'Etat algérien. Il n'y a pas besoin d'exploiter des textes sacrés, des textes coraniques, à des fins électorales. C'est inadmissible. Cela peut être dangereux. Pour avoir des électeurs, il faut trouver des arguments ailleurs que dans la religion. La religion est un domaine intime qui doit rester au-dessus de toute lutte électorale», a-t-il noté. Concernant les réformes politiquesinitiées par Abdelaziz Bouteflika, Farouk Ksentini les qualifiera d'«extrêmement salutaires». «Elles sont venues au bon moment, parce qu'elles font entrer l'Algérie de plain-pied dans la démocratie», a indiqué Me Ksentini. «La démocratie commence avec les élections. Elle finit avec les élections. Si nous avons la chance de laisser faire des élections libres, de laisser la vérité sortir des urnes, avec une Chambre représentative, nous aurons fait un grand pas. Il n'y a pas de démocratie concevable si les femmes ne sont pas suffisamment représentées (…). Il y a des générations qui ont fait leur temps et qui doivent céder leur place aux jeunes. C'est clair et net. La génération qui nous gouverne a fait la guerre de Libération. C'est quelque chose d'extraordinaire, mais c'est fini. Il faut laisser la place à la nouvelle génération qui, elle, doit jouer le rôle qui est le sien et gérer ce pays», a-t-il affirmé.Le rapport de la commission de Ksentini porte, par ailleurs, sur l'état de la santé en Algérie, notamment la situation des cancéreux et la pénurie de médicaments en 2011. Le président de la Cncppdh a également appelé la France à présenter des excuses pour les crimes commis en Algérie durant la période coloniale, et a indiqué, d'autre part, que les droits de l'Homme en Algérie sont «en voie de développement et ils s'améliorent». Toutefois, même avec les avancées enregistrées, «ce n'est pas encore parfait», ajoutera-t-il. «Il y a des insuffisances», a-t-il relevé. Il a appelé en outre à indemniser ceux qui ont subi des dommages matériels durant la décennie noire et à «réparer les fautes commises pendant cette période».