La guerre de Libération nationale, et plus précisément le cinquantenaire de l'indépendance, ne constitue pas l'un des sujets de prédilection de la classe politique algérienne qui s'en donne à volonté à la faveur d'une pré-campagne électorale ou chaque formation politique n'omet, pratiquement jamais, de surfer sur la fibre nationaliste en brandissant notamment les constantes que sont «les valeurs de novembre 54 » et autres discours inhérents à la glorieuse révolution ou encore à l'exceptionnelle bravoure des combattants face à l'occupant étranger. Des référents si galvaudés qu'ils s'apparentent souvent à de la surenchère et à une tentative de récupération, d'autant plus qu'à défaut de programmes politiques et socio-économiques concrets pour la quasi- majorité des formations politiques, le registre révolutionnaire peut s'avérer «salvateur», voire même porteur chez certaines catégories de la population. En France, c'est également un registre qui est loin d'être ignoré par les principaux candidats en lice pour l'investiture suprême. Ces derniers saisissant, à leur tour, la symbolique du cinquantenaire de l'indépendance algérienne pour lancer des polémiques, titiller des esprits encore émotifs à l'évocation de ce chapitre de l'histoire française et soudoyer un potentiel électorat qui continue à entretenir des opinions diversement appréciées sur la question. Et c'est en raison des susceptibilités encore persistantes entre l'Algérie et la France par rapport à la guerre d'Algérie, s'agissant notamment de la question de la repentance, que les candidats à l'Elysée incluent cette question dans leur discours. Nicholas Sarkozy, qui brigue un second mandat et fait campagne pour sa propre succession, a évoqué cette question plus d'une fois pour répondre à l'Algérie officielle de la façon la plus claire sur l'exigence de repentance pour le passé colonial de la France. Il y a quelques jours, il reconnaissait, sur les colonnes de Nice-Matin, que des «abus» aient été commis pendant la guerre d'Algérie, mais le candidat-président excluait, du coup, que la France en arrive un jour à regretter d'avoir «mené cette guerre». Les positions du président-candidat sont de nature à réhabiliter quelque peu la communauté des harkis, lesquels se plaignent d'être doublement «sanctionnés» par leur pays d'origine et par l'Etat qu'ils ont choisi de servir. Mais c'est la sortie du principal concurrent de Sarkozy, François Hollande en l'occurrence, qui démontre dans quelle mesure le passé historique liant les deux nations est encore pesant et déterminant dans l'orientation de leurs relations politiques notamment. Pour plus d'impact, le candidat socialiste s'est exprimé sur les colonnes de notre confrère El-Watan à l'occasion de la commémoration des accords d'Evian, le 19 mars. S'il évoque un travail de «mémoire» nécessaire pour aller de l'avant, Hollande ne plaide point pour le devoir de repentance de la France. Il invitera, se disant, les deux parties à dépasser ce douloureux passé et à construire ensemble l'avenir. En somme, un plaidoyer des plus «réconciliateurs». L'occasion également pour ce dernier de faire un clin d'œil aux harkis condamnés par l'Algérie et rejetés par la France ». La candidate du Front national (FN), Marine le Pen, qui n'était pas née lorsque l'Algérie a recouvert son indépendance, n'omet pas, elle aussi, de surfer sur le passé colonial de la France au moment où elle n'a pas manqué d'être accusée d'être « l'héritière d'un tortionnaire de la guerre d'Algérie », par l'autre candidate, Eva Joly, représentante des Verts. C'est dire à quel point cette guerre n'en finit pas d'être exploitée comme un fondsde commerce. De part et d'autre. M. C.