Pour le deuxième jour des journées du film méditerranéen d'Alger, évènement organisé par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc) et MDciné, le public algérois a pu découvrir le long métrage assez atypique du réalisateur tunisien Ridha Behi qui porte le nom de Dima Brando. Projeté à la salle Alpha de Cosmos, ce film d'une durée de 90 minutes retrace l'admiration infinie que voue le réalisateur à la légende du cinéma américain, le défunt monstre du 7e art Marlon Brando. Avec l'idée en tête de faire un film avec son idole de toujours, Ridha Behi entre en contact avec la star hollywoodienne qui accepte son projet. Mais à deux doigts de concrétiser son rêve de gosse, Ridha Behi vit le drame de la mort de son héro.Très attaché à son projet, le réalisateur tente alors la fiction tout en relatant sa rencontre avec Brando. Ridha Behi devient alors le narrateur de son film faisant de son œuvre un film à mi-chemin entre la fiction et le documentaire. Le film s'amorce avec des scènes mythiques du cinéma interprété par le géant. Mais très vite la fiction s'installe à travers l'histoire du jeune Anis.L'histoire se passe dans un petit village en Tunisie, une équipe de tournage venue des Etats-Unis est là pour tourner Atlantide. Le staff a besoin de figurants, de matériels et pour cela tout le village se mobilise contre une poignée de dollars. Anis, jeune homme simple, est vite repéré par les producteurs, l'un deux arrive à le convaincre qu'il est le sosie de Marlon Brando. Il lui promet même le premier rôle pour un film consacré à la star. Anis y croit dur comme fer. Cette idée deviendra sa raison d'être, le poussant ainsi à s'éloigner de sa fiancée, de ses amis et de ses parents. Une fois le tournage fini, l'équipe du film s'envole laissant Anis avec son rêve et ses illusions. Fait d'une succession de clichés et stéréotypes d'un village et peuple tunisiens prêt à tout pour plaire aux américains et gagner de l'argent, Dima Brando est un film qui traite du thème du regard de l'autre. L'un est puissant et riche, l'autre est pauvre et soumis. La vision qui est donnée des tunisiens est orientaliste et exotique. On retrouve également dans le film des prises de positions suggérées comme la scène de la chute de la statue de Saddam Hussein. Le réalisateur affirmera par la suite qu'il s'agissait de la volonté de Marlon Brando d'intégrer à l'œuvre des images de la guerre d'Irak. A la fin du film, on retrouve également des images de la rencontre de Behi avec Brando alité. «J'ai vu Brando enfant», affirme Behi. Fait de messages subliminaux, Dima Brando est un film sur le choc des civilisations et comment le monde arabe est perçu par l'Occident en général et les Etats-Unis en particulier. W. S.