C'est un président de la Commission nationale de surveillance des élections législatives (Cnsl) bien remonté qui a dénoncé hier le silence des pouvoirs publics face aux doléances qui leur ont été soulevées. N'ayant, en effet, obtenu aucune suite à celles-ci, M. Seddiki envisage de saisir, à nouveau, le président de la République en sa qualité de premier magistrat du pays et comme ultime recours. Lors d'une conférence de presse animée à Alger, le président de cette structure a fait part à la presse des nombreux recours introduits par les candidats à la députation et ce, à la suite du dépôt des listes électorales à travers les quatre coins du pays, sans, toutefois, en donner le nombre exact. Le conférencier invitera le ministère de l'Intérieur ainsi que les walis à lui fournir «des réponses complètes» aux réclamations déposées et regrettera que les prérogatives de la commission qu'il préside n'aient pas force d'obligation. «La Cnsl, saisie par des partis politiques, a demandé des explications aux instances concernées, après le refus de certains walis d'accepter des listes de candidats. Elle a également demandé des détails, par commune et par département, sur le fichier électoral. Aucune suite n'a été donnée à ces différentes demandes.» M. Seddiki, qui exprimera, dans ce sens, sa «crainte» quant à un fort taux d'abstention, a estimé que le travail consenti par la Cnsl vise à «donner de la crédibilité au prochain scrutin». D'où la nécessité pour l'administration, qu'il met directement en cause, de se départir des anciennes pratiques négatives, lesquelles pratiques ont été mises en relief à travers les différents recours. «Je ne pensais jamais que j'allais entendre parler de ces pratiques», s'est-il exclamé. À J-10 du début de la campagne électorale, M. Seddiki avertit que «l'ère des quotas est révolue» s'agissant des «appétits» de certains partis postulants à laprochaine législature. Pour rappel, la Cnsl avait gelé ses activités à deux reprises. Pour la première fois en Algérie, elle est présidée par un représentant de parti politique, alors que, jusque-là, elle a de tout temps été dirigée par une personnalité désignée par les autorités. En vue de garantir la transparence du scrutin du 10 mai, les autorités algériennes ont, en outre, créé une Commission nationale de supervision des élections composée exclusivement de magistrats désignés par le chef de l'Etat. M. Seddiki déplorera précisément que cette dernière ait plus de moyens que celle qu'il préside mais se défend de vouloir exiger de l'Etat des revendications financières et matérielles déraisonnables. «Nous exigeons seulement des moyens qui nous permettent de mener à bien notre mission», explique-t-il.