Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi
L'anarchie ne caractérise pas seulement les marchés tolérés ou informels. La population aura pris le pli de s'y approvisionner sans lâcher prise. Au-delà de cet aspect entaché d'une touche antiréglementaire, les prix de certains produits dépassent tout entendement au grand dam des consommateurs. Et les pouvoirs publics demeurent impuissants face à ces situations arguant le fait que le marché répond à son éternelle formule d'ordre et de demande. Certes, la direction du commerce active sans relâche à travers les commerces implantés dans les 12 communes. Par le biais des brigades mixtes de contrôle de la qualité et des pratiques commerciales, il ne se passe pas un mois où le bilan n'est pas «assouvi» de fraudes. Le dernier en date a été sanctionné par la saisie de 6 tonnes de sel ne répondant pas aux normes. C'est-à-dire dépourvu d'iode. La même quantité en vernis destiné à la fabrication alimentaire a été également saisie. La fraude ne se limite pas seulement aux produits destinés à l'alimentation, 508 unités de produits cosmétiques inutilisables ont fait l'objet d'une enquête des éléments de la DCP. «Les flacons sont frappés d'étiquette virtuelle et leur date de péremption a été prolongée de 5 années», signale la chargée de communication à la direction du commerce de la wilaya. Le maillage d'inspection sur le terrain ne pourra pas, à lui seul, anéantir les pratiques illégales chez quelques négociants indélicats ou rompre la chaîne de la spéculation. D'où la nécessité d'asseoir une véritable politique de sensibilisation et de collaboration impliquant notamment la société civile. Autrement dit, un travail qui s'élabore par le truchement des associations versées dans la protection des consommateurs. Un facteur qui manque au puzzle de cet exercice en Algérie et particulièrement à Constantine. C'est le diktat qui est imposé aux citoyens quotidiennement. Personne ne riposte ou dénonce des prix dépassant toute logique. Toutefois, chacun, y compris les pouvoirs publics, sait pertinemment qu'outre les lois régissant toute activité commerciale, il existe des «irrégularités de forme» qu'il importe d'aplanir en invitant les associations à entrer en jeu. A ce propos malheureusement, la région de Constantine renferme une seule ligue qui tente un tant soit peu de suivre les éventuels changements dans les produits destinés à la vente. Ces derniers mois ont été sanctionnés par une mercuriale flambante et aucune des parties, que ce soit la DCP, les associations et encore moins l'Union des commerçants algériens, n'a provoqué un débat ou des solutions aux retombées bénéfiques aux poches des consommateurs. «En tant qu'association de défense et de protection des consommateurs, on agit dans un terrain de sensibilisation .Ce n'est pas de nos prérogatives d'intervenir quitte à voir le prix du kilo de pomme de terre quadruplé… », explique la présidente Mme Kellil Sakina. C'est toujours cette dernière qui veille au grain et sensibilise la population et aussi les intervenants directs dans la défense des consommateurs. La louable intervention était remarquable lors des intempéries ayant affecté Constantine. Le prix du lait qui avait atteint les 50 DA le sachet a été rappelé à l'ordre grâce à cette association après avoir interpellé les pouvoirs publics. Et la sentence fut sans appel : «Chaque commerçant qui abusera des prix fera l'objet d'une poursuite», ont averti les autorités locales. Pour sa part, la DCP renvoie la balle de la spéculation aux pouvoirs publics centraux. «C'est à eux de trouver des solutions», entend-on de cet organisme public. Cependant, l'UGCAA reste aux abonnés absents lors de cette inflation. Aucun mot n'a été soufflé de ses adhérents ou de sa présidence pour calmer les marchés et sensibiliser les commerçants. Si la DCP et l'Association pour la protection et la défense des consommateurs activent en sensibilisant, il est du devoir de l'Union générale des commerçants de sillonner les stands et les étals et débattre du sujet avec les vendeurs et revendeurs en vue de trouver une marge «réductrice» à cette flambée. Tout le monde se renvoie la balle du «commerce free». Mais le consommateur continue d'être plumé ! Une situation de démission sous couvert de pratique libre des coûts qui profite aux seuls spéculateurs et marchands de gros. D'autant que l'association enregistre un break raisonnable jusqu'à la tenue des élections, de l'avis de la présidente Mme Kellil. Un repos pour éviter tout amalgame au niveau de la coloration politique chez les commerçants «visités». Alors que l'UGCAA s'est investie carrément dans la politique, selon certaines personnes, elle laisse le consommateur livré à lui-même dans les marchés de la honte et de la spéculation.