À la veille de l'ultimatum fixé par l'ONU pour l'arrêt total des violences en Syrie, la situation reste complexe et ouverte à tous les scenarios. Les Occidentaux ne changent pas de posture, accusant le régime syrien d'avoir failli à son engagement de retirer ses troupes des villes conformément au plan de l'émissaire Kofi Annan. Rejetant toute solution sécuritaire de la question syrienne, l'émissaire spécial de l'ONU et de la Ligue arabe déclare espérer une amélioration de la situation à partir d'aujourd'hui jeudi, date fixée par le Conseil de sécurité de l'ONU pour l'arrêt des combats. Sur le terrain la situation reste alambiquée tant la suspicion est de mise entre les protagonistes. Sur le plan diplomatique la pression anti-Damas ne faiblit pas. Le chef de la diplomatie britannique William Hague a suggéré de «porter l'affaire devant la Cour pénale internationale (CPI)». Pékin et Moscou ont appelé de leur côté le gouvernement syrien à appliquer rapidement le plan Annan. La Chine se disant «profondément inquiète» de l'évolution de la situation. La position du Qatar et de l'Arabie saoudite, qui prônent l'armement des rebelles, semble de plus en plus embarrassante même pour certaines capitales occidentales. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, s'est dit de son côté, «hostile aux interventions étrangères dans les affaires de n'importe quel pays», estimant que «tout changement devra se faire sous le gouvernement syrien» actuel. L'émissaire onusien a vu de nouvelles raisons d'espérer dans cette crise syrienne si complexe dans une région explosive. «Si tout le monde respecte (le cessez-le-feu), je pense que nous devrions voir une nette amélioration de la situation sur le terrain», a déclaré Annan. Damas avait accepté le plan Annan avant de réclamer à l'émissaire des garanties des rebelles et de leurs relais sur l'arrêt de leurs opérations. Annan a indiqué que le régime du président Bachar al-Assad avait donné «des clarifications supplémentaires» sur ce qu'il attend de l'opposition : «des assurances sur le fait que les forces de l'opposition arrêteront elles aussi les combats pour permettre une cessation de toutes les violences». Damas semble craindre de perdre le contrôle de la situation en cas de desserrement de son système sécuritaire sur certaines régions syriennes. Par ailleurs la crise en Syrie devrait être au menu des discussions du G8, réuni à Washington. Les puissants du monde devraient, à l'occasion, se concerter sur cette crise qui divise les protagonistes quant à la solution à préconiser. Certains experts estiment que le plan Annan a laissé trop de marge de manœuvre à Damas, parce que le médiateur voulait avoir le soutien de Moscou, selon lui indispensable. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a, comme préalable, appelé Annan à intensifier la pression sur l'opposition syrienne pour qu'elle cesse les combats. D'autres experts créditent Kofi Annan d'avoir bien géré la délicate mission en amenant la Russie et la Chine à soutenir son plan malgré certaines réserves. M. B./Agences