La crise syrienne est toujours face à l'épreuve de l'application du plan de l'émissaire international Kofi Annan. Les Occidentaux accusent le régime syrien de ne pas avoir tenu parole, le plan Annan prévoyant avant toute chose le retrait des chars des villes. A Moscou, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, a assuré que la Syrie avait effectivement commencé à mettre en œuvre le dit plan, appelant Damas à être «plus actif» et «plus ferme» dans son application. Le chef de la diplomatie syrienne a assuré, de son côté, que le processus a commencé. Damas avait «déjà effectué» le retrait d'unités militaires «dans certaines provinces». «Le cessez-le-feu doit commencer avec l'arrivée d'observateurs internationaux», a-t-il ajouté, alors que l'ONU conditionne l'envoi de ces observateurs à l'arrêt des violences dans les foyers de tension. Les capitales occidentales avaient déjà accusé le régime syrien de ne pas tenir ses promesses et de vouloir gagner du temps. Sur le terrain, aucun retrait des forces n'a été constaté selon le très partial Observatoire syrien des droits de l'Homme (Osdh), qui a recensé hier 17 morts, notamment sept civils à Homs. Selon les opposants, un millier de personnes ont trouvé la mort en Syrie depuis seulement le 2 avril, date à laquelle l'ONU avait annoncé l'acceptation par Damas du plan de paix en six points de Kofi Annan. Par ailleurs, Damas a de nouveau accusé la Turquie de soutenir les rebelles, alors que la tension est brusquement montée entre les deux voisins après que des tirs en provenance de Syrie ont fait des blessés en Turquie. Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a promptement réagi estimant qu'«il s'est produit une très claire violation de la frontière». «La Turquie soutient les groupes armés illégaux syriens (...) et contribue à la pénétration illégale de militants en Syrie», a répondu le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, estimant que «cela contredit le plan Annan». Selon Ankara, quelque 25 000 Syriens se sont réfugiés sur son territoire depuis l'éclatement de la crise le 15 mars 2011, une situation qui renseignerait sur la gravité de la situation en Syrie. Quelques heures avant l'expiration du délai fixé par l'ONU, le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, avait lancé un dernier appel au régime syrien pour qu'il change sa politique sécuritaire envers la contestation. Les Etats-Unis ont estimé de leurs côtés que Damas n'a fait «aucun signe jusqu'ici pour montrer qu'il respectait ses engagements» en vue d'un cessez-le-feu. Damas avait accepté le plan Annan, puis a exigé comme préalable des garanties écrites sur l'arrêt des violences commises par les rebelles. Des conditions considérées comme «inacceptables» et «irréalisables», selon Bassma Kodmani, porte-parole du Conseil national syrien (CNS), principale composante de l'opposition. Selon l'Osdh, la crise syrienne a fait plus de 10 000 morts depuis la mi-mars 2011. R. I.