Nous sommes en plein Mois du patrimoine (18 avril-18 mai) et le programme d'activités élaboré annuellement pour célébrer cette richesse n'a pu être fait cette année à Tizi Ouzou pour plusieurs facteurs : intervenant en pleine campagne électorale pour les législatives du 10 mai prochain, qualifiées de cruciales pour tous les acteurs politiques, le Mois du patrimoine devait être lancé également durant la période de deuil décrété suite au décès du premier président algérien, Ahmed Ben Bella et coïncidait aussi avec la quinzaine culturelle organisée à l'occasion du 32e anniversaire du printemps amazigh d'Avril 1980.Forcément, l'événement passera inaperçu même dans le cas où des activités sont initiées ça et là dans certaines localités. Sauf que la célébration du Mois du patrimoine n'est pas censée être l'apanage de la seule Direction de la culture ou de toute autre institution publique en charge du secteur de la culture.Les associations culturelles doivent également s'impliquer dans la sauvegarde, la promotion et la sensibilisation autour du développement du patrimoine. Mais voilà, Tizi Ouzou n'a aucune association spécialisée dans le patrimoine. Quelques-unes s'évertuent tout de même à organiser des actions en faveur d'une prise de conscience pour le patrimoine, mais celles-ci restent très limitées dans leur impact du fait justement que cela vient de jeunes animateurs actifs certes, mais sans expertise et sans expérience dans tous les domaines liés au patrimoine tels l'archéologie, l'histoire ou l'anthropologie. Des associations culturelles qui en veulent mais qui n'ont pas -il faut le dire- les moyens d'activer convenablement. Ce qui fait que même avec de l'expertise, ces associations auront toujours besoin d'un sponsor. Et comme les opérateurs économiques de la wilaya ne sont pas encore inspirés par la culture du sponsoring, ces associations ne peuvent compter que sur les institutions de l'Etat. Mais les pouvoirs publics ne semblent pas prêts à accorder des sommes importantes à telle ou telle association, quelle que soit sa propension à socialiser la culture ou à initier des activités qui sortent de l'ordinaire. Que ce soit dans le domaine du patrimoine ou dans celui d'autres disciplines culturelles et artistiques.Le cas de la Ligue des arts dramatiques et cinématographiques (Ladc) et son festival des Raconte-Arts est le meilleur exemple de ces actions culturelles qui ont réussi à se passer de l'aide de l'Etat, en impliquant les habitants des villages qui accueillent cette manifestation itinérante et en réduisant «le confort» dans le côté logistique de l'organisation. Des cas pareils, il y en a peu, mais ce qui est certain, c'est qu'il y a des dizaines d'associations qui renoncent à l'organisation de leurs activités pour des raisons strictement financières et logistiques. C'est-à-dire que l'idée culturelle existe mais que les moyens pour la mettre en œuvre sont encore inexistants. L'association culturelle ne peut fonctionner que si elle reçoit l'aide des pouvoirs publics. Et le cas de la Ladc est une exception qui confirme la règle dans une wilaya où des centaines d'associations sont en hibernation, faute de moyens financiers et matériels. Insuffisants quand ils sont accordés par l'Etat, et inexistants quand il s'agit de l'opérateur privé.Mais les responsables du secteur de la culture dans cette wilaya s'appuient, tout au long de l'année et avec un programme ininterrompu, sur un certain nombre d'associations. Notamment quand il s'agit de l'organisation d'activités qui reviennent avec de nouvelles éditions, comme certains festivals et autres colloques et hommages. Les locaux de la Maison de la culture Mouloud-Mammeri sont, à chaque fois, mis à leur disposition pour le déroulement de leurs manifestations. Malheureusement, cette enceinte culturelle est la seule à même d'accueillir des activités d'une certaine envergure, en dehors du Théâtre régional Kateb-Yacine ouvert aux seules activités théâtrales. Les associations préfèrent la Maison de la culture comme lieu de déroulement de leurs activités, parce que c'est le seul endroit couvert médiatiquement, les animateurs souhaitant faire sortir leurs actions de l'anonymat. Et pratiquement le seul espace qui dispose des commodités pour réussir les activités. Mais la Maison de la culture ne peut accueillir les activités de toutes les associations activant dans la wilaya, d'où l'amertume de certains animateurs qui s'en prennent aux associations «privilégiées», allant jusqu'à accuser l'administration de favoritisme.