Près de trois mille enseignants et autres travailleurs du secteur de l'éducation nationale ont répondu hier à l'appel de l'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef) pour un sit-in de protestation devant le siège même de l'organisation syndicale. Un rassemblement impressionnant pour lequel a été déployé un important dispositif sécuritaire, tout autour du siège du syndicat mais aussi, de manière quelque peu discrète, dans d'autres endroits où des bus, transportant des hommes et des femmes venus d'autres wilayas, ont été simplement refoulés. Certains délégués syndicaux ont été retenus pendant des heures dans des postes de police pour les empêcher de rejoindre leurs confrères et grossir ainsi les rangs des manifestants. «C'est une grande réussite pour nous. Ils ont arrêté nos camarades venus des autres wilayas et obligé de nombreux bus à faire marche arrière mais voilà que nous sommes toujours nombreux à la manifestation», affirme un enseignant d'Alger. Et son confrère de poursuivre : «C'est dire l'adhésion des enseignants et autres personnels de l'éducation aux revendications exprimées par l'Unpef. Notre grande colère contre l'injustice et les disparités relevées dans le nouveau statut particulier.» Première revendication de l'Unpef, le report de la promulgation du statut particulier, le temps que le syndicat (et d'autres) le réexamine et «corrige des anomalies». Deuxième revendication, l'ouverture d'un dialogue avec les travailleurs des corps communs -dont le nombre avoisine les 130 000- lésés dans leur droit à intégrer le secteur et avoir accès à un salaire décent et un statut digne de leurs responsabilités sur le terrain. «Le Smig est à 18 000 DA mais eux ne perçoivent pas plus de 13 000 DA par mois», lance avec une grande colère un autre manifestant. En l'espace de quelques mois, l'Unpef a réussi à rassembler les enseignants des deux paliers primaire et moyen, rejoints par d'autres corps (adjoints de l'éducation, conseillers d'orientation et même des proviseurs) autour du syndicat. Un coup bien réussi, c'est une évidence. La fierté se lisait sur les visages, fatigués, de ses représentants à Alger. Toutefois, pour le moment, l'Unpef a décidé d'arrêter son mouvement de grève: «Nous annonçons le gel de notre grève jusqu'après les élections législatives.» Elle le fait donc pour cause du scrutin législatif et surtout «à cause de la présence des observateurs étrangers», affirme, avec insistance, le chargé de la communication du syndicat, Messaoud Amraoui. «En aucun cas, nous n'accepterons d'être utilisés comme une carte pour détruire le pays. Jamais nous n'accepterons que notre pays subisse le même sort que la Libye et les autres.» Messaoud Amraoui répète avec force que «c'est spécialement à cause de la présence de ces étrangers que nous suspendons notre action protestataire mais ce ne sera que partie remise. Nous attendons pour voir ce qui va sortir de la nouvelle APN et déciderons de la suite à donner au mouvement». La grève de l'Unpef est donc reportée jusqu'après le scrutin législatif.Par ailleurs, il est à souligner que l'Unpef a donné des consignes pour une participation au vote sans toutefois que cela ne soit une obligation, encore moins en ce qui concerne le choix du parti: «Nous n'obligeons personne à voter pour tel ou tel parti. Dans notre syndicat, il y a tous les partis. Nous avons toutefois dit notre souhait de voir nos adhérents aller aux urnes le jour du vote mais, là aussi, ce n'est pas une obligation.» K. M.