Condamnée dimanche par le Conseil de sécurité avec l'approbation des 15 membres notamment la Russie et la Chine, Damas fait face aujourd'hui à une nouvelle déclaration de son ancien allié. Moscou par la voix de son ministre des Affaires étrangères, s'est déclarée en faveur de toute action mettant fin à la violence en Syrie. «Mettre fin à la violence est plus important que le maintien du régime», a affirmé le chef de la diplomatie russe. Est-ce à dire que Damas est lâchée par ses anciens alliés ? Rien n'est encore clair, même si les déclarations russes laissent transparaître un léger changement dans la position de Moscou. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a indiqué hier que Moscou soutenait le plan de paix de Kofi Annan en Syrie et pas le régime syrien, soulignant que la priorité était de mettre fin aux violences d'où qu'elles viennent. «Nous ne soutenons pas le gouvernement syrien. Nous soutenons le plan de Kofi Annan», le médiateur international de l'ONU en Syrie, a déclaré M. Lavrov, soulignant qu'il était plus important de «mettre fin à la violence» plutôt que de «se préoccuper de qui est au pouvoir en Syrie». Ce qui ne l'empêchera pas de dire «il faut que les joueurs extérieurs jouent le même jeu, un jeu visant à la mise en œuvre du plan Annan, pas le changement de régime». Il ne manquera pas de souligner dans ce sillage, que la partie la plus radicale de l'opposition armée était incitée à poursuivre les affrontements. Revenant sur le massacre de Houla qui a fait 108 morts dans la nuit de vendredi à samedi, le chef de la diplomatie russe estime que «les deux parties», armée régulière syrienne et opposition, ont pris part au carnage. «Nous sommes là dans une situation où manifestement les deux parties ont participé», a encore déclaré M. Lavrov à l'issue d'entretiens avec son homologue britannique William Hague, arguant de la présence de blessures à bout portant en plus des tirs d'artillerie. La Chine, l'autre alliée de Damas, a demandé hier une «enquête immédiate» sur ce même massacre. Une demande qui ne la poussera pas jusqu'à faire endosser la responsabilité au régime syrien. La Chine «condamne vigoureusement» ce bain de sang et exige une «enquête immédiate sur ces faits ainsi que la recherche de leurs auteurs», a déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Liu Weimin. M. Liu, tout comme M. Lavrov, a appelé à la mise en œuvre complète du plan de paix en six points du médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe, Kofi Annan. Une position observée par la Chine ces derniers mois. Pour rappel, le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné dimanche le gouvernement syrien pour le massacre de Houla. Il a exigé que Damas cesse immédiatement d'utiliser des armes lourdes dans les villes syriennes rebelles et que ses forces soient retirées de ces villes, conformément au plan de paix de Kofi Annan, qui prévoit notamment un cessez-le-feu entré en vigueur le 12 avril mais qui est violé quotidiennement. A noter que M. Annan est arrivé hier en Syrie. Il devait rencontrer le ministre des Affaires étrangères Walid Mouallem, puis, le lendemain, soit aujourd'hui, le président syrien Bachar al-Assad, selon les autorités syriennes. M. Annan s'est dit «horrifié» par le massacre de Houla où une centaine de personnes ont été tuées. «Je suis personnellement choqué et horrifié par les événements tragiques d'il y a deux jours», a déclaré à la presse M. Annan à son arrivée à Damas, en référence au massacre perpétré dans la nuit de vendredi.Cette visite est la deuxième dans le pays depuis l'instauration du cessez-le-feu en avril dernier. G. H./Agences