La socialisation du livre et la promotion de la lecture publique ne sont plus l'apanage du seul ministère de la Culture, et c'est tant mieux. De plus en plus d'acteurs s'impliquent, à leur tête le chef de l'Etat qui, lors de l'audition de la ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, le 5 octobre dernier, intervenant à la fin de la présentation du rapport sur les activités du secteur, dira que «l'édition doit être un vecteur pilote de l'émergence des industries culturelles». Pour l'heure, le ministère travaille surtout à l'émergence de l'édition elle-même. Ainsi, parmi les actions réalisées dans le domaine de l'édition, on relèvera l'institutionnalisation de deux grands festivals autour du livre et l'encouragement de l'édition nationale par la relance, en collaboration avec plus de 200 maisons d'édition nationales, de l'opération 1 001 titres amorcée en 2008. L'autre acteur actant sur la scène du livre sont les éditeurs qui, au-delà de leurs divergences, objectives ou subjectives, ont réussi à se constituer en pôle, le Syndicat national des éditeurs de livres (SNEL), pour pouvoir se positionner en tant que partenaire et interlocuteur incontournable des pouvoirs publics et des institutions. C'est d'ailleurs à ce titre que le SNEL intervient dans l'organisation du Salon international du livre d'Alger (SILA), rendez-vous de l'édition de première importance tant à l'échelle nationale que régionale, voire même arabe. Il est vrai que l'organisation du SILA a toujours été émaillée de lacunes. Mais pour cette année se profile un début de changement qui s'inspire de la directive présidentielle. Le SILA, dans sa 13ème édition, est un premier pas vers sa professionnalisation. Ayant tiré les leçons qu'il fallait des lacunes des éditions précédentes, les organisateurs du SILA ont décidé de réserver cette édition «uniquement aux éditeurs dont le nombre s'élève à 400, représentant 23 pays. Il n'y aura que trois acteurs sur la plate-forme : l'auteur, l'éditeur et le lecteur», affirmera le président du comité d'organisation, Ahmed Boucenna. Toutes les mesures ont été prises pour mettre fin à l'anarchie et «il n'y aura plus de soldeurs au sein des stands», ajoutera-t-il en précisant qu'une campagne de sensibilisation autour du respect du règlement intérieur du salon a été menée auprès des éditeurs qui devront exposer 100 exemplaires des nouveaux ouvrages, 50 pour les œuvres parues au cours des cinq dernières années et seulement cinq pour les anciennes publications. Ce faisant, le SILA rend au livre la place qui lui sied, en tant que produit d'une industrie éminemment culturelle pouvant contribuer grandement au développement intellectuel de la société. Faudrait-il encore que les autres acteurs devant apporter leur pierre à l'édifice le fassent. Car il ne sert à rien d'avoir une industrie éditoriale florissante si la socialisation du livre et la promotion de la lecture publique restent à la traîne. Le rôle de l'école est là mis en évidence, rôle qui, jusque-là, n'est guère assumé.