La Russie a condamné le renvoi jugé «contreproductif» des ambassadeurs syriens des capitales occidentales, décidé la veille dans une unanimité feinte et rejeté toutes nouvelles actions contre Damas. «On ne veut pas entendre Damas et cela ne sert pas la cause du règlement pacifique de la crise», note Moscou en réaction à la position des occidentaux. La Russie a été très critiquée par ces derniers pour avoir bloqué des résolutions occidentales chargeant Damas. Plusieurs capitales occidentales ont durci le ton à l'égard de Damas allant même jusqu'à évoquer une intervention militaire. Alors que les combats font toujours rage dans une Syrie déchirée entre rebelles et armée, l'émissaire international, Kofi Annan, qui a rencontré à Damas le président syrien, Bachar al Assad, l'a appelé à prendre des mesures pour trouver une solution. Le médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe a enjoint le gouvernement syrien à «cesser toutes les opérations militaires». Le massacre de Houla, près de Homs, vendredi dernier, au cours duquel 108 personnes ont été tuées, dont une cinquantaine d'enfants, suscite toujours l'indignation. D'après le chargé des opérations de maintien de la paix, une partie a été victime d'éclats d'obus, ce qui implique la responsabilité du gouvernement syrien, en possession d'armes lourdes. Damas, qui a démenti toute implication dans le massacre, a chargé une commission conjointe armée-justice d'enquêter. Cette tuerie a ébranlé le plan de paix et posé avec acuité la question du rôle des observateurs de l'ONU dans le respect du cessez-le-feu en vigueur depuis le 12 avril. Plusieurs pays occidentaux ont évoqué l'éventualité d'une intervention militaire en Syrie. La Russie a réitéré sa réticence à cette option aux conséquences pouvant s'avérer désastreuses. Moscou a même jugé que «l'examen au Conseil de sécurité de l'ONU de toute nouvelle mesure pour influer sur la situation est prématuré». Certaines capitales occidentales, dont Paris, sont favorables à un renforcement des sanctions. Signe d'un durcissement de la position des Occidentaux à l'égard de Damas, la plupart des pays européens, ainsi que les Etats-Unis, le Canada, ou encore le Japon ont simultanément annoncé l'expulsion des représentants diplomatiques syriens de leur capitale. La Turquie voisine a aussi sommé les diplomates syriens de quitter le pays. En réaction le ministère syrien des Affaires étrangères a annoncé avoir ordonné le départ, sous 72 heures, de la chargée d'affaires des Pays-Bas, une des rares diplomates occidentales encore en poste à Damas. La presse syrienne a fustigé la décision des capitales occidentale d'expulser les diplomates, la jugeant «hystérique», et critiqué le «discours de guerre» du président français fraichement élu. Les critiques sont tombés sous le sens, d'autant plus que l'israélien Ehud Barak a estimé ces expulsions «insuffisantes», suggérant une intervention armée. Après avoir rencontré Annan, le président Assad a de nouveau rejeté sur l'opposition la responsabilité des violences, affirmant que «le succès du plan dépend de la fin du terrorisme et de l'arrêt de la contrebande d'armes». M. B./Agences