Au Musée central de l'armée, situé à Riadh El Feth à Alger, un silence religieux accueille le visiteur qui se trouve soudain plongé agréablement dans le regard des hommes et des femmes qui ont fait l'histoire de l'Algérie. De l'époque antique jusqu'au début du règne du président feu Houari Boumediene, en passant longuement par la lutte de libération nationale… l'histoire se raconte. Plonger dans l'histoire Le regard est émerveillé. Le cœur s'enflamme. Parcourir les 17 000 m2 du musée à contempler les visages de Massinissa, de Takfarinas, de Juba I et Juba II… de Larbi Ben M'hidi, de Si El Houes, du colonel Amirouche, de Hassiba Ben Bouali, de Djamila Bouhired… s'arrêter devant cette guillotine de la prison Barberousse qui a tranché la tête du martyr Ahmed Zabana et bien d'autres après lui… ressentir cette flamme animant le cœur des valeureux combattants qui se cachaient dans les grottes… font oublier le temps. Y passer deux heures, trois heures… toute l'après-midi n'est aucunement une perte. Bien au contraire, c'est un moment de découverte, d'enrichissement intellectuel… mais aussi de détente. Un moment de bien-être à la faveur du silence qui y règne, de la propreté méticuleuse des lieux et du clapotis de l'eau qui se trouve à l'intérieur même du musée. Un décor enchanteur. Des statues, des images, des tableaux, des écrits, des maquettes des maisons Derrich à El Madania (réunion des 22) et Raïs Hamidou (réunion des 6)… les témoignages n'en finissent pas de surprendre même si ce n'est pas une nouveauté pour les nombreuses personnes qui s'y rendent. «On connaît bien ces choses. Nous les avons apprises à l'école, à la maison, dans les livres, dans les films, dans les chansons, dans les rues que nous traversons quotidiennement… mais c'est toujours un plaisir de venir ici les voir et les écouter de près», dit une femme, visiblement habituée de cet endroit témoin de l'histoire. Tout est là pour rappeler les cours d'histoire : événements du 8 Octobre 1945, déclenchement de la guerre de libération nationale, offensive du 20 Août, Congrès de la Soummam, manifestations du 11 Décembre 1961, événements du 17 Octobre 1961, participation de la femme dans la guerre, les camps de campagne, les lignes Challe et Morice… jusqu'aux accords d'Evian du 19 Mars 1962 et l'indépendance du pays le 5 Juillet 1962. Des cris de bambins viennent couper le silence. Les enfants arrivent sans prévenir, accompagnés de leur maîtresse d'école. Ils viennent de deux écoles privées différentes. Chacune choisit son guide et son chemin. «Nous faisons ces sorties régulièrement à différentes occasions. C'est bientôt le 1er Novembre et nous comptons bien préparer les bambins pour la fête.» Ces derniers, peu intéressés, font leurs découvertes. «Ils sont morts pour que nous puissions aller à l'école. S'ils n'avaient pas fait la guerre, nous n'aurions pas de beaux cartables aujourd'hui», lance timidement un des garçons.
Visites quotidiennes Les sorties des écoliers dans ce musée ne sont pas rares, si l'on en croit les dires d'un des guides, un jeune militaire qui fait preuve d'une grande sagesse et une maîtrise du verbe qu'il utilise pour raconter l'histoire du pays aux enfants. En plus des écoliers, il y a des étudiants, des chercheurs, des historiens… et aussi des étrangers, dont des Français, des Japonais, des Chinois, etc. Parmi les visiteurs, il y a aussi des vieilles personnes dont les enfants sont décédés pendant la guerre. La mère Derrich, dont la maison a servi aux réunions des 22, est aussi une fidèle des lieux : «Elle vient souvent au musée… Elle est vieille mais se porte bien. Elle vit encore dans cette maison qui a servi de lieu de réunion aux 22.» Le Musée central de l'armée accueille donc un nombre considérable de visiteurs qui y trouvent un plaisir renouvelé chaque fois qu'ils y retournent. Certains sont à la recherche de souvenirs passés, d'autres à la recherche de nouvelles pièces, de nouveaux témoignages qui pourraient aider à une meilleure lecture de l'histoire. «C'est la femme elle-même qui nous l'a donné», affirme un des guides, en montrant du doigt une robe aux couleurs de l'emblème national. «La femme portait cette robe le jour de la célébration de l'indépendance du pays», précise-t-il.Ce musée, inauguré par le président feu Houari Boumediene en 1984, semble aujourd'hui bien gardé pour la préservation de l'histoire. C'est un véritable joyau de cinq étages dont les travaux sont toujours en cours pour enrichir son fonds de nouvelles collections et de nouvelles pièces. L'endroit mérite d'être visité. K. M.
Le Musée du moudjahid en travaux Alors que celui de l'armée est ouvert à un public de plus en plus nombreux, notamment ces derniers jours, en raison de l'approche de la date anniversaire du déclenchement de la guerre de libération nationale, le Musée du moudjahid est fermé. «Nous sommes en travaux», indique l'un des employés. Ce dernier assure que ces travaux prendront fin avant le 1er novembre prochain puisqu'il doit être rouvert officiellement ce jour-là : «Il sera rouvert le 1er novembre prochain par le ministre des Moudjahiddine.» K. M.