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L'armée Hutu était-elle armée par la France ?
Le journal français Libération en a livré les détails
Publié dans La Tribune le 11 - 06 - 2012


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Par la rédaction Internationale
Le dossier publié dans « Libération», la semaine dernière, rappelle les déclarations formelles d'Hubert Védrine, alors secrétaire général de la présidence de la République française «le camp hutu n'avait pas de missiles» et les déclarations de François Léotard, alors ministre de la Défense de la cohabitation : «aucune information n'atteste la présence de lanceurs sol-air dans l'équipement des FAR (forces armées rwandaises hutu) entre 1991 et 1994». Un missile barre la une du journal Libération, en date du 1er juin 2012. Un seul mot y est tracé, en rouge : «Rwanda». Et la photo d'un missile. Ce missile c'est un «Mistral», une arme anti-aérienne très sophistiquée, développée par la France. Le 6 avril 1994, l'avion du président rwandais Habyarimana est abattu par un missile sol-air, à son approche sur l'aéroport de Kigali. L'attentat n'est pas revendiqué et, étonnamment, ni ses commanditaires, ni ses exécutants n'ont à ce jour, été identifiés. En tout état de cause, cet attentat marque le début du génocide perpétré contre les «Tutsi» par le «Hutu Power», extrémiste et raciste. Ses émissaires seront pourtant reçus à Paris, pendant le génocide. Un million de personnes sont sauvagement assassinées, en 100 jours. Avant le génocide, un demi-million de machettes avaient été commandées et distribuées dans tout le pays. Au moment où l'avion présidentiel est abattu, à son approche de l'aéroport de Kigali, le 6 avril 1994, 3 militaires français, payés par une société écran, pilotent l'avion du dictateur «Hutu». Ce dernier était lui-même contesté par son aile extrémiste, le «Hutu Power», pour avoir négocié un accord de paix avec la résistance Tutsi. Les 3 aviateurs français en mission perdent la vie dans l'attentat, une plainte pour assassinat est déposée à Paris et une enquête légère, entièrement menée depuis Paris, sans déplacement sur place conclut, fin 2006, à la responsabilité des «forces» du «FPR Tutsi», commandées, à l'époque, par l'actuel président du Rwanda. Choqué par l'accusation monstrueuse portée contre l'actuel président et ses proches, le Rwanda rompt immédiatement ses relations avec la France. Elles ne reprendront qu'avec le déplacement du président Sarkozy à Kigali et la reconnaissance que la France a commis des «erreurs» au Rwanda. Au moment de l'attentat, le 6 avril 1994, l'aéroport de Kigali et le site du crash étaient entièrement sous contrôle de l'«armée Hutu», encadrée par des instructeurs français mis à disposition par Paris. Avant le génocide, les effectifs de l'«armée Hutu» ont été, de manière fulgurante, multipliés par 10 en quelques mois. Sans tirer aucune conclusion concernant les commanditaires et les exécutants de l'attentat contre l'avion du président Habyarimana, le dossier publié ce 1er juin 2012, dans un grand quotidien français, rétablit des faits importants pour la suite de l'enquête. Il sera difficile de les nier et de les occulter à nouveau. C'est toute cette histoire complexe qui a été reprise par le quotidien de gauche français. Le dossier publié dans «Libération» s'appuie sur un document officiel de l'«Onu». Un inventaire de l'arsenal de l'«armée Hutu», formée par la France. Le document de l'«ONU» avait été égaré, depuis 18 ans, dans les archives. Son authenticité est, aujourd'hui, confirmée. Ce rapport de l'«Onu établit la présence, juste avant l'attentat contre l'avion du
président Habyarimana, d'un stock de missiles sol-air, destinés à abattre des aéronefs. On trouve, dans l'inventaire, des «missiles SA7» d'origine soviétique et, pour un pays comme le Rwanda, une quantité astronomique de missiles français «Mistral : 15». La présence de missiles anti-aériens dans le «camp Hutu» a toujours été niée par les responsables français.
R.I

Rappel chronologique :
- 6 avril 1994 : attentat contre l'avion du Président rwandais Habyarimana probablement mené par les extrémistes Hutus qui rejettent les accords de paix d'Arusha prévoyant l'intégration politique et militaire du « FPR » de Paul Kagame et le départ des troupes françaises. Dans la nuit du 6 au 7 avril 1994, la garde présidentielle d'Habyarimana, assassine le Premier ministre rwandais, Mme Agathe Uwilingiyimana, Hutue modérée alors qu'elle se rend à la radio pour lancer un appel au calme. 10 casques bleus belges chargés de sa protection sont assassinés par les extrémistes Hutus. Ces assassinats barbares marquent le début du génocide.- 4 juillet 1994, après 100 jours de massacres abominables, le Rwanda est libéré par les troupes du « FPR » avec à leur tête, le résistant Paul Kagame.- 1998 : Bruguière est saisi par les familles des 3 aviateurs français placés au service d'Habyarimana et tués lors de l'attentat. Avant le début du génocide la France était liée au régime raciste par des accords de coopérations militaires, politiques et économiques, ce qu'une majorité de Français commence seulement à découvrir avec dégoût et stupéfaction.- 2006 : Bruguière demande la mise en examen de plusieurs membres du «FPR» et recommande au «TPIR» d'inculper Paul Kagame, le président du Rwanda.- 24 novembre 2006 : le Rwanda sous le choc de l'accusation, rompt ses relations avec la France.


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