Photo : M. Hacène Par Ziad Abdelhadi L'objectif de multiplier par 2,5 les rendements céréaliers, d'ici 2020, demeure tout-à-fait réalisable, pour peu que les nouvelles techniques de cultures soient introduites et que soient également appliqués à la lettre les conseils prodigués par les ingénieurs et techniciens de l'Institut des techniques des grandes cultures (ITGC). Cette approche a été au cœur des débats, lors de la première journée de la réunion du Conseil interprofessionnel des céréales (CIC), qui s'est tenue la semaine dernière, en présence de nombre de grands producteurs de blé, de transformateurs et d'industriels de l'agroalimentaire.D'emblée, le directeur général de l'Itgc et vice-président du CIC, Omar Zeghouane, indiquera à l'assistance que les multiples expérimentations menées, à ce jour, par son institut ont démontré qu'il est possible d'accroître sensiblement le rendement à l'hectare, en utilisant des variétés à haut potentiel de rendement adaptées aux conditions locales. «Les nouvelles variétés introduites sont en mesure de donner entière satisfaction», affirmera-t-il, en ajoutant que «quatre nouvelles variétés, dont trois de blé dur et une de blé tendre, vont être mises à la disposition céréaliculteurs». Ainsi, selon M. Zeghouane, le nombre de variétés de céréales homologuées et autorisées à la production et à la commercialisation va s'élever à 107. «Cette initiative s'inscrit dans le cadre du programme d'amélioration du matériel végétal, mis en exécution depuis vingt ans par l'Itgc», a rappelé le responsable. A propos de l'amélioration des rendements dans la culture des blés tendre et dur et de l'orge, le vice-président du CIC dira que «le problème de rendement se pose en termes de techniques employées». «Les céréaliculteurs doivent comprendre que, pour améliorer leurs rendements de production, ils doivent d'abord s'assurer de la bonne qualité des semences et, ensuite, appliquer à la lettre l'itinéraire technique». Il ajoutera que «ces deux paramètres sont à la portée des céréaliculteurs, car presque toutes les entraves qu'ils rencontraient ont fini par être levées». «Les contraintes ont pu être levées, grâce à la volonté des pouvoirs publics pour mettre les céréaliculteurs dans les meilleures conditions de travail possibles […]. Depuis deux ans, les pouvoirs publics ont mis en place tout un programme de soutien à l'amélioration de la production, tout un dispositif visant à booster la filière de son amont à son aval», a argué le DG de l'Itgc. «La filière a fait l'objet d'une attention particulière, de la part des pouvoirs publics, attention qui s'est traduite par des programmes d'intensification, par l'octroi de soutiens financiers conséquents aux céréaliculteurs, par la pratique de l'irrigation d'appoint, de la fertilisation, par l'application des différents traitements, etc.», a indiqué le premier responsable de l'Itgc.Rappelons que Omar Zeghouane a souvent mis l'accent, dans plusieurs de ses interventions, lors de séminaires, sur la question de la production céréalière en Algérie, sur l'intérêt d'éradiquer la jachère ou, du moins, de la réduire considérablement. «Il s'agira, dans un premier objectif, de réduire la surface actuelle en jachère, estimée à 13 000 hectares, de 20% au moins, et cela dans le but évident d'augmenter la sole céréalière», a-t-il maintes fois déclaré.Pour revenir à la réunion du CIC, M. Zeghouane a tenu à signaler, à propos des résultats atteints ces dernières années, que «ce sont les fruits de la nouvelle approche dans la filière, dans la mesure où les agriculteurs participent à la prise de décision, pour choisir les semences les plus appropriées et les techniques culturales les plus bénéfiques». «Cependant, il reste encore du chemin», a-t-il ajouté en déplorant que «dans certaines zones ou régions, reconnues à vocation céréalière les rendements continuent d'être insignifiants». Soulignons que, lors des débats, les céréaliculteurs ont reconnu, à l'unanimité, que «l'aide alloué par l'Etat jusque-là est béné fique, mais demeure insuffisante». Et d'expliquer pourquoi elle reste insuffisante. «Si le financement des projets et l'approvisionnement en intrants agricoles sont pour beaucoup dans l'amélioration de la filière de la céréaliculture, les agriculteurs veulent une aide technique», diront des céréaliculteurs qui estiment que la technicité leur fait énormément défaut. «La filière a besoin de savoir et de techniques agricoles avancées, afin d'optimiser l'irrigation des plaines», nous confiera un agriculteur d'El Tarf. «Le savoir est indispensable pour la maîtrise des normes modernes de labour, de mise en sol, d'irrigation, de pulvérisation et de dosage des fertilisants et d'abattage», ajoutera-t-il. Son voisin de Guelma a tenu à nous faire savoir que «le parc des moissonneuses-batteuses a besoin d'être rénové. Ce sont des machines qui sont a de faibles récoltes. Elles sont d'ailleurs devenues la cause principale du taux élevé de pertes des moissons».Cet appel est parvenu aux oreilles du ministre de l'Agriculture et du Développement rural, qui vient de décider de rénover le parc, en introduisant des moissonneuses-batteuses plus adaptées aux conditions locales.