La demi-finale de l'Euro-2012 entre l'Allemagne et l'Italie, qui a éliminé l'Angleterre aux tirs au but dimanche (4-2), est le «Classique des classiques» entre les deux pays les plus titrés d'Europe, jamais remporté par les Allemands dans une grande compétition. «Le plus beau match du monde», dit la légende à propos de la demi-finale de la Coupe du monde 1970, avec cinq buts dans la prolongation, gagnée par les Italiens (4-3 a.p.) au bout de 120 minutes d'anthologie synthétisées dans l'image de Franz Beckenbauer, le capitaine allemand, le bras en écharpe. «Le football est un jeu qui se joue à onze contre onze où les Allemands gagnent à la fin.» Mais jamais contre les Italiens, pourrait-on ajouter à la célèbre phrase de l'Anglais Gary Lineker. Car, en sept confrontations en phases finales, les Allemands, qui sont le cauchemar des Anglais ou des Français dont ils ont deux fois chacun brisé les rêves en demi-finales, n'ont jamais fait plier les «Azzurri». Le premier choc remonte au Mondial chilien en 1962, un affreux 0-0 au premier match de poules, un nul vierge comme il y en aura deux autres, dans la deuxième phase de poules en 1978 et à l'Euro-1996. Ce dernier est le seul qui ait fait mal aux Italiens, invaincus contre les Allemands mais éliminés de ce groupe, devancés par leurs adversaires et les Tchèques. Une autre rencontre de poules les avait opposés, en ouverture de l'Euro-1988 (1-1). Roberto Mancini avait ouvert le score, mais Andreas Brehme avait immédiatement égalisé. Mais les trois matchs de légende furent à élimination directe, deux demi-finales et une finale, tous, donc, gagnés par les Italiens. Il sera difficile aux hommes de Joachim Löw et Cesare Prandelli de faire aussi bien à Varsovie que l'immense duel du stade Aztec, feu d'artifice de suspense, de buts et d'engagement. Karl-Heinz Schnellinger a égalisé à la dernière minute du match, répondant à Roberto Boninsegna (8e), et Gerd Müller a tout de suite donné l'avantage aux siens dans la prolongation (2-1, 94e), donnant à croire que les Allemands avaient pris le dessus psychologiquement. Mais Tarcisio Burgnich a répondu quatre minutes plus tard (2-2). Gigi Riva a donné une avance qui paraissait décisive à l'Italie, juste avant la mi-temps de la prolongation (3-2, 104e), mais Müller marquait encore (3-3, 110e). Mais Gianni Rivera, en redonnant l'avantage à l'Italie une minute seulement après le «Bomber», portait, cette fois, le coup de grâce. La malédiction s'est poursuivie pour l'Allemagne, qui a perdu la finale du Mondial espagnol (3-1), après avoir laissé trop de forces dans la demi-finale contre la France (3-3, 4 t.a.b. à 3). Le dernier choc entre les plus beaux palmarès du continent, sept Coupes du monde (quatre pour l'Italie) et quatre Euros (trois pour l'Allemagne), remonte au Mondial-2006. Les «Azzurri» se sont imposés en jouant l'offensive à outrance dans la fin de la prolongation. Une accélération de Fabio Grosso a pétrifié les Allemands (119e), avant un but d'Alessandro Del Piero en contre-attaque (120+1) ; Gianluigi Buffon et Andrea Pirlo étaient sur le terrain, Philipp Lahm, Bastian Schweinsteiger et Miroslav Klose aussi. Prendront-ils leur revanche? Réponse jeudi soir à Varsovie...