Depuis sa disparition tragique, le 9 août dernier, le poète Mahmoud Darwich n'a cessé de faire l'objet de divers hommages en Algérie, un pays que le défunt portait dans son cœur. Cette fois, c'est à la kheïma du 13e SILA, que les fidèles lecteurs de Darwich se sont réunis, mercredi dernier, par un temps pluvieux, pour lui rendre hommage. Entre anecdotes et lecture de poèmes, les intervenants ont su dévoiler aux personnes présentes un autre visage de Mahmoud Darwich, un bon vivant, fan de sport et aussi défenseur de la cause palestinienne. La cérémonie commence avec la projection de Poèmes palestiniens, chronique d'une vie ordinaire, un court métrage de 13 minutes contenant une interview exclusive du défunt poète dans laquelle Darwich répond sereinement aux questions du journaliste. «Malgré ma poésie, je ne serai jamais libre tant que mon pays ne l'est pas», dit Darwich. Après ce fort moment d'émotion, la parole est donnée à l'ambassadeur de Palestine en Algérie, qui présente brièvement l'une des icônes de son pays. «Mahmoud Darwich est la fierté de la Palestine. Il a fait connaître la question palestinienne au monde mais, avant tout, il a appris aux Palestiniens à se connaître et à s'identifier», dira-t-il, en enchaînant avec nostalgie la description de la folle joie qui s'emparaissait des Palestiniens lors du passage du poète dans les rues de Ramallah. «Darwich était un poète populaire. Tous les Palestiniens se rassemblaient dans la rue par milliers pour entendre résonner ses mots. Mahmoud reflétait la force de son peuple.» Le directeur de la Radio algérienne, Azzedine Mihoubi, racontera pour sa part quelques anecdotes sur le poète lors de son passage en Algérie en 2005. «Chaque fois que je m'approchais de lui, je découvrais de nouvelles choses.» M. Mihoubi fera découvrir aux gens une autre facette de Darwich, celle d'un homme fan de sport. «Darwich se rendait annuellement au marathon de Toulouse. Il suivait aussi tous les matches de football en tant que supporter des clubs algériens», dira-t-il, sans citer le nom de ces clubs, pour ne pas faire de jaloux certainement. Au fil des témoignages, on découvrira l'amour que le poète nourrissait pour l'Algérie, le pays où fut proclamé l'Etat palestinien, en 1989. Abdelaziz Sbaa, ancien journaliste de l'hebdomadaire Algérie actualité, dira pour sa part que Mahmoud Darwich «n'a jamais voulu être confondu avec le titre de poète de la résistance», dira-t-il. «Je ne suis pas l'historien en vers de la Palestine», disait Darwich, rapportera M. Sbaa. Stephan Weider, traducteur allemand des poèmes de Darwich, parlera, lui, des difficultés linguistiques auxquelles il a dû faire face pour traduire de l'arabe vers l'allemand des poèmes de Darwich, un poète redoutable qui a forcé l'admiration de ses ennemis au point de faire dire à Sharon, qui a lu ses œuvres : «ce poète est en train de réveiller son peuple, j'ai besoin d'un homme comme lui.» W. S.