Les atteintes aux droits de l'Homme en Algérie se poursuivent au mépris total des lois de la République et des conventions internationales signées au nom de l'Etat et du peuple, considère la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (Laddh) dans son bilan du dernier trimestre de l'année en cours. Le Comité directeur du bureau de la wilaya d'Alger exige des autorités publiques qu'elles appliquent les textes de loi avec la même rigueur qu'elles réclament au simple citoyen. Il dénonce notamment «l'utilisation de la justice» pour étouffer les libertés et s'élève contre les comportements qui visent à «cacher la vérité» à l'opinion publique. Lors d'une conférence de presse, tenue hier à son siège à Alger, son président Salah Dabouz, évoque particulièrement le cas du garde communal, Lasfer Saïd, décédé au lendemain d'une marche arrêtée «dans la répression» à Alger. «Le certificat médical de l'hôpital de Khemis Miliana indique que Lasfer Salah est décédé d'une hémorragie suite à un accident. Ses camardes affirment qu'il était avec eux dans la protestation et qu'ils ont vu les policiers le tabasser. Une déclaration sur l'honneur, signée par un de ses fils, fait état de traces de violence physique sur le corps de la victime. Donc, il n'est pas mort d'une manière naturelle mais après avoir été frappé par les agents de police. Ce qui est plus grave, c'est qu'on fait appeler des personnes de sa famille pour dire qu'il était malade et c'est peut être sa maladie qui est à l'origine de son décès. Pas seulement on tabasse et on intimide mais on use de subterfuges pour cacher la vérité. C'est inadmissible» dénonce, avec force, le représentant de la Laddh à Alger. Autre exemple, selon lui, qui témoigne de ces tentatives d'étouffer les libertés individuelles et collectives, le cas d'une ancienne enseignante de mathématiques, au lycée Frantz Fanon, à Bab El Oued (Alger), chassée du lycée après avoir réclamé son droit à la notification de la décision de titularisation. C'était en 1995. Depuis, elle n'a cessé de subir une «torture morale» pour des raisons qu'elle n'arrive pas à expliquer. Aujourd'hui, elle est au chômage et mène une vie difficile, sans perspectives d'avenir. Elle a été mutée à Sidi Moussa, en pleine période du terrorisme, chose qu'elle a refusé d'appliquer, puis rétrogradée à l'enseignement moyen, alors qu'elle était dans le secondaire durant des années : diplômée de l'ENS, elle a commencé à travailler en 1982. «Le drame, c'est qu'elle n'a reçu aucune notification de cette série de décisions abusives qu'elle a subies. Pire encore, l'Académie d'Alger refuse d'exécuter une ordonnance sur pied de requête que cette enseignante a obtenue sous prétexte que son dossier a été transféré à l'Académie d'El Harrach. Aujourd'hui, ils disent carrément que son dossier est égaré. Aucune trace de lui», indique le représentant du bureau de la Laddh à Alger. Et ce dernier de relever : «Des fautes administratives très graves sont commises lors du traitement de certains dossiers par la justice. On corrige l'erreur par une autre erreur. C'est comme cela que l'institution risque de perdre sa crédibilité et la confiance des citoyens en cet appareil». Par conséquent, «nous demandons à la Justice d'être prudente pour éviter ces fautes». D'autres cas, tels que le mauvais traitement d'une mère célibataire habitant dans un bidonville à Chéraga, l'arrestation des militants des droits de l'homme comme Yacine Zaid, la répression du mouvement de grève observé par les greffiers...et autres, ont été cités lors de la conférence de presse d'hier. Le bureau de la Laddh de la wilaya d'Alger demande alors aux pouvoirs publics de «respecter les droits fondamentaux de l'homme et assurer une protection efficace pour toutes les couches de la société, promouvoir les droits économiques et cesser le harcèlement sur les activités pacifiques et légitimes des syndicalistes et des défenseurs des droits de l'homme, garantis par la constitution et les lois de la République». K. M.