“Le climat préélectoral n'est guère rassurant”, estime un responsable de la ligue qui a égrené un chapelet de violations qu'il n'a pas manqué de dénoncer. Le gouvernement doit sans doute déployer un trésor d'imagination pour pouvoir convaincre de sa volonté à organiser un scrutin libre et transparent le 10 mai prochain. En dépit des mesures entreprises jusque-là, dont notamment la mise sur pied de deux commissions de surveillance et l'invitation d'observateurs étrangers, quoiqu'en nombre réduit, le scepticisme reste de rigueur chez des partis politiques et autres ONG. Lors d'une conférence de presse animée hier à Alger, le président du bureau d'Alger de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (Laddh) n'a pas caché “son inquiétude” devant “l'étouffement que subit” la Commission nationale de surveillance des élections législatives (Cnsel) de la part de l'administration. “Le bureau de la Laddh reste très inquiet pour ce que montre l'administration comme domination abusive des opérations de vote et l'étouffement que subit la Commission nationale de surveillance des élections législatives et le black-out total qu'elle reçoit de la part de l'administration et le refus de celle-ci d'appliquer les décisions de la justice après les recours”, a déclaré M. Dabouz. “Le climat préélectoral n'est guère rassurant”, a-t-il dit. Ce responsable, qui présentait une situation des droits de l'Homme dans la capitale, a égrené un chapelet de violations qu'il n'a pas manqué de dénoncer. “Dans le cadre de son activité d'observation, le bureau de la Laddh s'interroge sur les dépassements et demande à cesser immédiatement la répression en cours contre les manifestations des citoyens qui revendiquent des conditions de vie décentes ainsi que les syndicalistes qui luttent pour l'amélioration du cadre de travail et condamne vivement la répression systématique de toute manifestation pacifique dans la wilaya d'Alger.” Selon lui, “rien n'a changé après la levée de l'état d'urgence”. Parmi les cas de violation, non exhaustifs, répertoriés : l'empêchement pour des dizaines de réservistes de l'armée, ayant servi dans la lutte contre le terrorisme entre 1995 et 1999, d'organiser une marche à Alger le 3 avril dernier, l'interdiction de rassemblement devant l'APN opposée aux retraités de l'armée le 18 mars dernier, la brutalité contre des militants des droits de l'Homme et des contestataires lors de rassemblements devant le siège de la wilaya d'Alger et l'agression dont ont été victimes deux journalistes. Il y a aussi la mort dans des “circonstances troubles” d'un jeune sur les hauteurs d'Alger, le 19 mars dernier. Selon la Laddh, “le défunt, Saïd Tobal, a été victime de violence policière de la part des agents qui tentaient de l'arrêter ; ils auraient usé d'une violence démesurée en face d'une personne qui ne présentait aucun danger”. Elle ajoute qu'au lieu de lui prodiguer des soins, la police a déposé Saïd devant chez lui et c'est sa famille qui l'a transféré à l'hôpital Mohamed-Lamine-Debaghine (ex-Maillot) où il a succombé à ses blessures. Enfin, la Laddh dénonce la “façon expéditive” dans le traitement de l'affaire de Abdelhakim Kerchouche, ancien cadre d'Actel, maintenu en détention pendant quatre ans, avant d'être jugé pour les chefs d'inculpation de “faux et usage de faux et dilapidation de deniers publics”. “Le résultat du traitement inhumain qu'il a subi dans la prison d'El-Harrach a fait de lui un aveugle, diabétique, hypertendu et insuffisant rénal”, relève la Laddh. “M. Kerchouche continue de subir l'injustice et de graves atteintes à ses droits fondamentaux même après avoir quitté la prison car l'entreprise qui l'employait refuse sa réintégration malgré une décision de justice qui l'a ordonnée”, ajoute l'ONG. Le responsable du bureau d'Alger évoque également le cas de personnes qui ne dénoncent pas de peur des représailles et ceux qui ont écrit à des ministres et qui ont vu leur cas “aggravé”. “Toutes ces situations constituent de graves atteintes aux droits fondamentaux des citoyens et aux droits de l'Homme d'une façon générale, droits que garantit la Constitution et les pactes et traités que l'Algérie s'est engagée à respecter”, conclut M. Dabouz. K K