Le peuple malgache devra encore attendre des semaines, pour ne pas dire des mois, pour voir le bout du tunnel après l'échec de la rencontre dans les Iles Seychelles, tant attendue, des deux personnages clés de la crise politique qui paralyse Madagascar depuis 2009. Le président de transition et ancien maire d'Antanarivo, Andry Rajoelina, et l'ancien chef d'Etat déchu, Marc Ravalomanana, se sont séparés mercredi soir comme ils se sont rencontrés, c'est-à-dire sans parvenir à un accord susceptible de sortir leur pays de la léthargie dans laquelle il a été plongé, prenant en otage tout un peuple depuis trois ans et demi. Point de discorde entre les deux hommes : le retour de l'ancien président dans son pays de son exil en Afrique du Sud et l'abandon de toutes les actions judiciaires intentées contre lui. L'actuel homme fort de l'«île rouge» a rejeté les conditions posées par son «ennemi» politique, concernant notamment son amnistie et la participation de Marc Ravalomanana à la prochaine élection présidentielle, prévue pour 2013. Marc Ravalomanana est accusé d'être responsable de la mort d'une trentaine de manifestants, tués par la garde républicaine devant le palais présidentiel lors des manifestations qui ont conduit à son départ du pouvoir. L'ex-chef d'Etat malgache, qui a été poussé à la démission par une partie de l'armée, a été condamné par contumace à la prison à perpétuité. «Nous (la Sadc, Communauté de développement de l'Afrique australe) considérons les tribunaux de Madagascar légitimes, mais Ravalomanana affirme que le pays qui l'a condamné n'a aucune autorité», a déclaré Marius Fransman, ministre sud-africain adjoint aux Relations internationales et à la Coopération, lors d'une conférence de presse, cité par Reuters. Pour rappel, la Communauté de développement de l'Afrique australe a averti les deux dirigeants malgaches qu'ils avaient jusqu'au 31 juillet pour arriver à un accord final sur l'application du plan de sortie de crise, proposé par le Groupe de contact international, sous l'égide de l'Union africaine (UA) et de l'Organisation des Nations unies (ONU). Ravalomanana et Rajoelina devraient se rencontrer une nouvelle fois dans les jours et semaines à venir, mais l'espoir d'une entente demeure minime, selon les analystes qui avaient prédit l'échec de la rencontre en tête-à-tête et à huis clos des deux politiques malgaches mercredi matin aux Seychelles. Mais la Sadc et la Commission de l'Océan Indien (COI), qui fait aussi partie du Groupe de contact international, se montrent confiantes sur le règlement prochain de la crise malgache, qualifiant d'«avancée» le rendez-vous du mercredi entre Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana. «Les discussions ont été cordiales et les participants ont manifesté un bon leadership. Toutes les parties ont été satisfaites du progrès qui avait été fait dans le but d'amener Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana à rechercher ensemble une solution politique durable pour Madagascar. La présence des deux leaders a été une indication claire de leur engagement en vue de trouver une solution durable pour mettre fin à la crise politique dans le pays», a indiqué la Sadc, par la voie de son représentant et président de l'Afrique du Sud, Jaco Zuma. La rencontre de mercredi «a constitué indéniablement une avancée significative dans la recherche d'une sortie de crise durable», a déclaré de son côté, dans un communiqué, la COI, a rapporté l'agence chinoise Xinhua. L. M./Agences