Les jeunes bénévoles de Ness El Khir Algérie sont à pied d'œuvre pour apporter secours aux plus démunis, en offrant des repas à ceux qui ne mangent pas à leur faim. Car c'est cela vivre l'esprit de ce mois béni, empli de piété et d'entraide. Vers les coups de 18h00, des dizaines de jeûneurs commencent déjà à prendre place. Les jeunes bénévoles de Ness El Khir Algérie s'activent. «Ici tout le monde est le bienvenu, nécessiteux, personnes de passage, ouvriers, SDF… nos portes sont ouvertes aux personnes nécessiteuses mais aussi à tous ceux qui veulent rompre leur solitude, en partageant un repas dans la convivialité et la chaleur familiale», nous explique ce jeune bénévole très impliqué. En plus des repas chauds servis sur place, des mets à emporter sont également distribués et d'autres sont acheminés vers les familles nécessiteuses, par pudeur, préférant la confidentialité. «Chaque jour, en tout, nous avons entre 300 et 400 repas servis à table ou à emporter», nous dit Raouf. «Le nombre de sans abri qui s'adresse à nous augmente de jour en jour», poursuit-il, ajoutant que «140 couffins, d'une valeur de 3 000 dinars ont été également distribués durant le premier jour de Ramadhan». Le menu du jour est varié : Chorba frik, Chtitha djadj, Mederbal, Salade variée, Ham Lahlou… Le chef cuisinier s'affaire à apporter les dernières retouches. L'ambiance est chaleureuse. Tout est fin prêt pour rompre le jeûne en savourant une chorba appétissante et bien chaude.
«Ness El khir Algérie», un élan de solidarité Mois de partage et de solidarité, le mois de Ramadhan est l'occasion de resserrer les liens en apportant secours et aide aux plus démunis. Animés par un esprit d'équipe sans faille, les jeunes bénévoles de Ness El Khir Algérie font preuve d'un formidable engagement. Ils sont sur le pied de guerre, n'hésitant pas à faire des tournées dans les centres commerciaux pour solliciter l'aide des bienfaiteurs. Ils ont recours aux réseaux sociaux, notamment sur facebook pour lancer leur appel aux dons, et ça marche. Ils ont réussi à créer un formidable élan de solidarité. «N'Hamdou Allah, beaucoup de donateurs nous font confiance et soutiennent nos actions», avoue Raouf. A ce moment même, un jeune commerçant chargé de produits alimentaires fait son entrée. «Beaucoup de commerçants nous font des dons, explique notre jeune bénévole». «Les Algériens font preuve de générosité et de solidarité lorsqu'ils savent où va leur argent, c'est juste une question de confiance», estime-t-il. Les jeunes bénévoles de Ness El Khir Algérie comptent également organiser une cérémonie de circoncision au profit des enfants issus de famille démunies, la Nuit du Destin, qui coïncide avec le 27e jour du mois sacré. L'ouverture de ce resto de la Rahma a été rendue possible grâce à l'aide de Djamel Bayou, directeur de ce complexe sportif qui n'a pas hésité une seconde à adhérer à cette action caritative, en leur offrant le local. Il a lui-même une longue expérience dans le domaine du bénévolat. «J'ai organisé l'opération resto de la Rahma pendant onze ans, avec un groupe d'amis et d'enfants de mon quartier (Kouba)», indique t-il. «Lorsque les jeunes bénévoles de Ness El Khir Algérie m'ont sollicité cette année, j'ai tout de suite répondu présent», confirme celui qui est considéré comme l'un des doyens des bénévoles.
Un appel à la générosité des donateurs A quelques encablures d'ici, précisément au 173 Hassiba Ben Bouali, le restaurant Fish +, arbore un décor spécial Ramadhan. Le restaurant est aménagé, en ce mois béni en «resto de la Rahma» pour accueillir les nécessiteux et les personnes épuisés par la cherté de la vie. Sur place, tout le monde est mobilisé. Les amis se portent aussi volontaires pour préparer les repas et les servir. Ce restaurant sert une cinquantaine de personnes de passage à table et assure quelque 100 repas à emporter. «Nous servons tout le monde jusqu'à épuisement de nos gamelles», lance Ahmed-Chaouche Bourhane, le propriétaire du restaurant. Un menu complet est servi à tous, concocté par le chef cuisinier, Mohamed Selmi. La cuisine pour lui, est un art. Au menu : chorba frik, riz indien avec dinde au four, salade mixte, sans oublier les incontournables, dattes avec l'ben (petit lait), kelbelouz… Chez lui, les choses ne se font pas à l'improviste, il prépare son menu plusieurs jours à l'avance. Il y met tout son cœur. «C'est la deuxième année consécutive, que j'organise cette opération», c'est une tradition que je veux perpétuer, en ce mois sacré qui est un moment d'entraide, de solidarité et de don de soi, clame le propriétaire du restaurant. Toutefois, seul bémol : les tracasseries administratives, passage obligé avant l'ouverture de ces espaces. Selon lui, c'est l'une des raisons qui font que les restos de la Rahma se font de plus en plus rares. «Les gens n'arrivent pas à obtenir à temps, l'autorisation exigée», regrette-t-il. Et d'expliquer : «personnellement, j'ai dû attendre presque deux mois avant d'avoir l'autorisation de l'APC pour ouvrir ce resto de la Rahma». «C'est aberrant ! Il faut une autorisation pour faire une bonne action, alors que le nombre de pauvres ne cesse d'augmenter. Les Algériens qui vivent avec de maigres salaires sont de plus en plus nombreux. Les augmentations de salaires ont été vite rattrapées par la flambée des prix. Les familles ont de plus en plus de mal à finir les fin de mois. Et au lieu d'encourager les bienfaiteurs, on leur met des bâtons dans les roues». Il estime que les lenteurs administratives bloquent beaucoup de bonnes initiatives. «Tenez par exemple, déplore-t-il, l'année dernière, je voulais lancer l'opération «soupe d'hiver» pour les SDF, j'avais déposé en novembre une demande auprès de l'APC de Belouizdad et je n'ai eu l'autorisation qu'au mois de mars, c'était trop tard…». Il évoque également la rareté des dons. «Il y a de moins en moins de donateurs, peut-être parce qu'ils font de moins en moins confiance. Il y a eu trop de détournements, notamment dans le cadre de l'opération couffin du Ramadhan organisée au niveau des APC», relève-t-il. Engagé dans des actions humanitaires au profit des plus démunis en ce mois sacré, le propriétaire de Fish+ et toute son équipe sont soutenus par leurs amis. «J'ai des amis, notamment des commerçants qui me font confiance et adhèrent à cette opération, chacun fait don de ce qu'il peut», soutient t-il. Chacun met la main à la pâte pour redonner le sourire à ceux qui en sont privés et tous ceux qui n'ont pas la chance de partager un repas en famille. Le Croissant-Rouge algérien (CRA), se plaint, lui aussi, de la rareté des dons et compte sur la générosité des Algériens pour combler le déficit qui la handicape. Depuis le début de Ramadhan, quelque 645 restaurants ont été ouverts dans les 48 wilayas, dont 109 à Alger, notamment par des APC, des bienfaiteurs et des associations. Partage, solidarité, fraternité, don de soi sont des mots qui reprennent tout leur sens en ce mois de piété et de spiritualité.