«Internet est la seule chose que l'homme a inventée et dont il a perdu le contrôle.» Cette «vérité» assénée par un penseur se vérifie et se confirme chaque jour, et dans tous les domaines d'activités ou d'expressions. La toile mérite bien son nom. Elle s'est tant et si bien étendue qu'elle est devenue omniprésente, et omnisciente par tout ce qu'elle véhicule. Rien ni personne ne lui échappe, ou presque. Elle a carrément «inventé» une génération web qui vit à travers un écran et une souris. La culture et les arts, comme les autres productions de l'homme, sont ainsi virtuellement «socialisées». La culture web ne connaît ni frontières ni barrières. Tablettes, notebooks, laptops, smartphones et PC portable sont devenus ses nouveaux supports. Internet est désormais le véhicule idéal pour tous les projets, actions et initiatives d'artistes ou créateurs. Youtube est devenu le point de convergence, le réceptacle, de toutes les créations artistiques. Des amateurs envoient sur le site leurs essais en vue de se faire connaître ou de bénéficier d'aides et de soutiens alors que les professionnels y trouvent un moyen de promouvoir leurs produits. Les émissions télé et radio ont désormais leurs sites Internet et comptes Facebook ou Twitter, sur lesquels les artistes que le marché boude peuvent poster des extraits de leurs albums que la chaîne se chargera de présenter. Des films sont aujourd'hui produits grâce à des montages financiers réalisés via le Net. Des chanteurs ont atteint la consécration grâce aux votes de leurs fans sur Internet. On peut aussi exposer des toiles et visiter des expositions et des musées sur la toile. Il est tout aussi loisible de consulter une bibliothèque et «feuilleter» des livres sur le web, ou visiter des monuments archéologiques, voire contribuer à une action de sauvetage d'un site menacé initiée par des Internautes engagés… Les exemples sont légions. Etant à la portée de tous, cette méga- ouverture au monde et cet incommensurable canal de diffusion ne pouvaient donc qu'attirer les artistes algériens qui s'efforcent d'exploiter toutes les opportunités qu'offre la Toile. Comme ça se fait ailleurs, on poste des vidéos sur Youtube et des appels à contributions, des extraits d'albums et autres productions sur les réseaux sociaux. Certaines créations aboutissent et trouvent leurs publics, mais la majorité reste confinée dans les cercles d'«amis». Virtuelle, la culture web a besoin de trouver des relais dans le réel, du sonnant et trébuchant principalement nécessaire pour le financement et la concrétisation de toute entreprise ou projet. Et c'est là que les Algériens s'éteignirent. Il y a un fossé, une fracture, entre la génération web d'artistes et la cohorte de responsables et décideurs qui tiennent les cordons de la bourse et les leviers des commandes, mais n'ont aucun lien avec le World Wid Web. H. G.