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Les pays du champ tardent à trouver de solution à la crise malienne
Même s'ils promettent de soutenir Bamako jusqu'à la normalisation
Publié dans La Tribune le 10 - 08 - 2012


Photo : Riad
Par Hasna Yacoub
Les pays du champ, à savoir l'Algérie, le Niger, la Mauritanie et le Mali, poursuivent leurs efforts afin de trouver une solution politique à la crise malienne. Ainsi après la réunion tenue par le comité de ces pays en avril dernier à Nouakchott, celle de l'UFL (Unité fusion liaison) en juin dernier à Alger et celle du Comité d'état-major opérationnel conjoint (Cemoc) le 11 juillet dernier à Nouakchott, le comité politique des pays du champ a regroupé les ministres des Affaires étrangères à Niamey, au Niger, le 6 août dernier. Ces derniers ont affirmé, dans une déclaration commune, publiée à l'issue des travaux de la rencontre de deux jours, que la sortie de crise malienne requiert «une action résolue et urgente». Ils ont exprimé leur engagement à accompagner ce pays voisin «jusqu'à la normalisation totale de la situation». Pour les pays du champ, le retour à la normale passe nécessairement par un retour à la stabilité dans le Sud avec l'installation à Bamako d'une autorité forte de la transition en mesure de constituer un partenaire fiable et crédible permettant la recherche d'une solution politique négociée entre le gouvernement et les groupes armés ouverts au dialogue, qui respectent l'unité nationale du Mali et rejettent le terrorisme. Bamako est en pleine phase de retour à la légalité constitutionnelle avec les consultations en cours en vue de la formation d'un gouvernement d'union nationale, consensuel et représentatif de toutes les forces vives de la nation. L'organe politique des pays du champ a d'ailleurs exprimé sa satisfaction à l'égard de ces efforts et a appelé tous les Maliens à «adhérer» à ce processus et la communauté internationale à le soutenir. Les ministres des affaires étrangères ont également indiqué avoir pris acte des résolutions et recommandations adoptées par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), l'Union Africaine et les Nations unies. En fait, c'est là où les avis divergent. Les pays du champ conscients du risque d'une «afghanisation» du Mali ont lancé un appel à la communauté internationale pour appuyer les efforts des autorités maliennes pour aller vers une solution politique et pacifique et qui sera la résultante d'un dialogue inclusif entre Maliens et notamment entre le gouvernement et la rébellion touarègue. Mais cet appel semble être ignoré à dessein dans le seul but de créer une situation inextricable au nord Mali qui va légitimer l'intervention étrangère, tant souhaitée par le gouvernement malien de l'époque d'ATT pour mater la rébellion touarègue sous couvert du risque terroriste dans la région sahélo-saharienne. Pourtant le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (Mnla) cherche à faire reconnaître les revendications légitimes des Touareg et s'est déclaré prêt -avant qu'il ne soit englouti par les groupes islamistes armés qui ont pris le Nord en otage- à combattre tous les groupes extrémistes dans le nord Mali si un accord venait à être signé avec le gouvernement malien. Dans ce scénario, le Mnla passe du côté de l'armée malienne pour combattre les islamistes d'Aqmi et d'Ansar Eddine. Cela permettra au Mali d'éviter l'intervention étrangère sur son sol. Les pays du champ ont également affirmé leur soutien sur le plan militaire au Mali, se considérant comme les premiers concernés par cette crise. Rappelons à ce sujet, la déclaration d'Abdelkader Messahel, le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines qui a représenté l'Algérie à la rencontre de Niamey : «Les pays du champ ont un rôle naturel à jouer, s'agissant notamment de la situation dans le Nord, qui a des incidences directes sur leur propre sécurité nationale. C'est pourquoi, les pays du champ se considèrent à juste titre comme partie prenante à tout effort de recherche de sortie de crise et ont la responsabilité d'accompagner le Mali, en fédérant leurs efforts et en agissant ensemble, notamment par le recours à la facilitation et au dialogue, pour favoriser une solution négociée et durable à la crise malienne.» De son côté et lors de la concertation des chefs des armées des quatre pays du champ sur la crise malienne pour essayer de mettre en œuvre les mécanismes permettant d'aider ce pays à recouvrer sa souveraineté, le général Gaïd Salah a déclaré que «le devoir du voisinage, de la fraternité et de l'amitié nous recommande, ainsi, d'assurer les Maliens de notre solidarité, aide et assistance, en termes de lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée». Il a réaffirmé que l'ANP, en sa qualité d'institution républicaine de l'Etat algérien «s'inscrit en droite ligne des positions fermes et franches prises au plus haut niveau de l'autorité politique». Gaïd Salah n'a pas manqué d'ajouter que les principales actions arrêtées par les plus hautes instances politiques des pays de la sous-région «réaffirment clairement et expressément l'attachement des pays de la sous-région à la prise en charge de cette crise dans le cadre régional, position irréversible qui se veut le fondement même de notre stratégie de coopération et de coordination des actions de lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée». Et dans la sous-région, le Comité d'état-major opérationnel conjoint (Cemoc) est le bras armé des pays du champ. Il a déjà adopté une stratégie qui passe en premier lieu par la prise en charge de la menace terroriste par chacun des pays à l'intérieur de son territoire, et ce en comptant, en premier lieu, sur ses propres forces et moyens, tout en s'inscrivant, bien entendu, dans une dynamique d'ensemble qui repose sur la coordination, l'entraide mutuelle, l'assistance et la conjugaison des efforts, particulièrement en matière d'échange de renseignements. Le Cemoc est donc l'organisme le mieux indiqué pour coiffer les opérations au nordMali dans le cas où une décision d'intervention au sol dans ce pays vient à être prise. Mais cela ne peut se faire sans le feu vert du Conseil de sécurité de l'ONU à la demande formulée par l'Union Africaine. Mais en plus de la demande d'intervention formulée par l'UA, il y a la demande de la Cédéao qui aspire à coiffer les opérations dans le
nord Mali. Ce qu'Alger refuse, sachant pertinemment que les opérations échapperont très vite au contrôle de la Cédéao pour finir entre les mains de forces étrangères. Faut-il rappeler que lorsque la Cédéao a décidé d'intervenir au Mali, la France a applaudi et le Conseil de sécurité n'a fait aucun commentaire, alors que la France et le Conseil de sécurité savent que la Cédéao n'a ni les moyens ni l'expérience requise pour agir efficacement contre les groupes terroristes sévissant dans le Sahel. La France semble favoriser une action de la Cédéao au Mali et ce, en dépit de l'échec cuisant de la première tentative militaire de cette organisation. Et alors que les pays du champ, ceux de l'UMA, soutenus par certains pays africains, continuent d'affirmer que «la solution politique est une conviction commune et que le dialogue entre le gouvernement et les parties maliennes est nécessaire», la France continue d'avertir par la voix de ses responsables que l'usage de la force dans le nord du Mali est probable «à un moment ou à un autre». D'ailleurs, après la première amputation de la main d'un voleur par les islamistes à Gao, mercredi dernier, c'est le gouvernement malien qui a, dans un communiqué rendu public jeudi, soutenu «le caractère inévitable de l'option militaire» pour reconquérir le Nord. Sans une action rapide, les pays du Sahel, premiers concernés par cette crise, risquent de ne jouer aucun rôle sauf celui d'observateurs impuissants de l'intervention militaire qui aura lieu dans la sous-région sahélo-saharienne. Car, la lutte contre le terrorisme à laquelle se disent très attachés les pays du champ passe inévitablement par la résolution de la crise malienne.


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